Leur société

Hypermarchés : La loi sur mesure de Sarkozy

Sarkozy, décidément, peaufine son image de défenseur du pouvoir d'achat des consommateurs. Après avoir négocié en juin, avec la grande distribution, une baisse des prix de... 2%, il propose aujourd'hui une réforme qui permettrait une baisse importante, de 10 à... 50% des prix dans les hypermarchés. Avec Sarkozy, on rase gratis et pour y parvenir il suffirait de supprimer le seul obstacle qui empêcherait les grandes surfaces de baisser leurs prix, la loi Galland.

Cette loi, votée en 1996 par le gouvernement de droite, se proposait de contrôler les pratiques des grandes surfaces qui bradaient certains produits pour vendre les autres au prix fort. Une vieille méthode qui profite aux grandes surfaces mais dont font les frais les petits commerçants qui ne peuvent baisser leurs prix, ainsi que tous les fournisseurs des hypermarchés obligés de vendre à bas prix, s'ils veulent garder le marché. Pour éviter cela, la loi Galland a interdit aux grandes surfaces de revendre un produit à un prix inférieur au prix d'achat, fixant en quelque sorte un "prix minimum".

Mais la grande distribution s'est très vite accommodée de cette loi et, faute de pouvoir jouer à sa guise sur le prix de vente, elle a obligé les fournisseurs à lui consentir des remises de plus en plus importantes, par exemple en fonction du volume vendu ou encore d'avantages commerciaux comme la présentation en tête de rayon, la publicité sur les prospectus, etc. Depuis 1996, ces remises ont explosé et elles représentent aujourd'hui de 10 à 70% du prix d'achat selon la marchandise et le fabricant. Sur ces sommes, l'hypermarché fait très largement son beurre et les bénéfices des hypermarchés n'ont pas cessé de grimper, Carrefour devenant numéro deux mondial et premier employeur privé français avec 128000 salariés, devant Casino et Auchan.

Aujourd'hui Sarkozy fait mine de découvrir l'importance de ce système de remises, en fait la cause essentielle de la hausse des prix et propose de permettre aux hypermarchés de répercuter ces remises sur le prix de vente, ce qui n'est pas autorisé par la loi Galland. C'est ce que Leclerc appelle mensongèrement "vendre à perte", puisque bien entendu il ne vendrait pas en dessous du prix d'achat réel.

Leclerc annonce une baisse de 4 à 5% des prix, si la loi Galland est supprimée rapidement, ce qui ne représente de toute façon qu'une diminution minime par rapport aux remises consenties par les fabricants. Mais là où Leclerc ne ment plus, c'est quand il applaudit des deux mains le projet Sarkozy, qui lui permettra de mener comme avant 1996, une guerre des prix dont feront les frais ses concurrents peut-être, mais sûrement les petits commerçants comme les producteurs de fruits et légumes et les éleveurs.

Alors si Sarkozy dit vouloir faire prix net pour défendre notre pouvoir d'achat, il ne trompe personne et, en tout cas, il ne nous fera pas croire que Leclerc et les autres groupes de la distribution sont des philanthropes.

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