Dans les entreprises

Crédit Lyonnais - Crédit Agricole : Les profits contre l'emploi

L'annonce des résultats du premier semestre 2004 a été l'occasion pour les dirigeants du Crédit Agricole de se féliciter du rachat du Crédit Lyonnais. Les bénéfices du nouvel ensemble sont en augmentation de 46,5% par rapport à la même période pour 2003, à hauteur d'un milliard de bénéfices.

Qui dit bénéfices records pour les banquiers dit menace accrue pour les emplois. Ainsi le rapprochement qui ne porte pas sur les réseaux d'agences se soldera au total par 4600 suppressions de postes. En France, sur les 17500 salariés touchés par le rapprochement, ce sont 16% des effectifs qui doivent disparaître. À cela s'ajoutent désormais les 2400 suppressions décidées en juillet dans le cadre du plan triennal du Crédit Lyonnais. Du côté du réseau Crédit Agricole, ce sont les fusions de caisses régionales (leur nombre est passé de 52 à 41 en cinq ans) qui entraînent des baisses d'effectif.

Les directions suppriment des postes

Pour parvenir à supprimer des postes, les directions incitent à des départs dans le cadre d'un accord dit "emploi" signé par trois syndicats: mobilités externes et départs en préretraite, c'est-à-dire tout ce qui concourt à la baisse des effectifs. Quant à la mobilité interne, cela veut dire se reconvertir. Plus le temps passe plus l'inquiétude grandit chez tous ceux qui n'ont pas trouvé de nouveau poste par leurs démarches ou à qui la direction n'en a pas proposé.

Depuis le 1er mai, Calyon a été créé en regroupant la Banque de Financement et d'Investissement (BFI) du Crédit Lyonnais et le Crédit Agricole Indosuez (CAI). La direction veut y supprimer 1400 des 5400 postes, soit près de 26% des effectifs. Comme dans les autres entités, elle propose un soi-disant plan de sauvegarde de l'emploi dans lequel elle a ajouté un plan de préretraite maison. Le personnel de plus de 56 ans peut partir avec une rente viagère de 70% de son salaire jusqu'au moment où il pourra prétendre à sa retraite à taux plein. Cela peut durer jusqu'à sept ans.

Tous les salariés n'avaient pas le même contrat de travail. Dans l'activité de Crédit-Bail, qui regroupe sept entités, un statut commun doit être mis au point car les salariés pouvaient dépendre de la convention collective ASF (Association des Sociétés Financières), AFB (Association Française des Banques) ou Crédit Agricole SA, voire de celle des services automobiles, pour une filiale

Dans les fonctions centrales (ressources humaines, finances, services juridiques, études économiques, etc.), les salariés du Crédit Lyonnais, qui dans un premier temps avaient travaillé pour le Crédit Agricole, ont maintenant intégré CASA (Crédit Agricole SA, organisme centralisateur du Crédit Agricole et de toutes ses filiales) et vont être sous le régime de la nouvelle convention collective propre à cette entité, qui vient d'être refaite et entrera en vigueur le 1erjanvier 2005 pour les cinq mille salariés qui la composent.

Les déménagements

Toutes ces fusions entraînent des déménagements qui se succèdent. À Calyon nous sommes regroupés dans deux grands immeubles à Courbevoie -l'opération devrait être terminée courant novembre- et dans un immeuble à Saint-Quentin-en-Yvelines. Dans la même période, deux cents salariés qui travaillaient dans les fonctions centrales se retrouvent dans les immeubles du Crédit Agricole qui bordent la gare Montparnasse. Les filiales, elles aussi, fusionnent, dans l'assurance-vie, la gestion d'actifs, le crédit à la consommation. C'est ainsi que pour le Crédit Bail, les 400 salariés ont été regroupés dans un immeuble en bord de Seine, à Issy-les-Moulineaux.

Les 200 salariés du secteur de l'ex-BFI du Crédit Lyonnais situé à Bercy devaient rejoindre leurs homologues situés à Saint-Quentin-en-Yvelines, au premier semestre 2005. Cela entraîne des temps de transport supérieurs à trois heures par jour pour une partie d'entre eux qui habitent à l'opposé en région parisienne. Après plusieurs assemblées de février à avril, ponctuées de débrayages, ces salariés ont obtenu de ne pas être obligés d'y aller. Ils sont en attente d'un poste.

Pour nombre d'entre nous, tous ces déménagements vont se traduire par un allongement du temps de transport. La direction se contente d'une prime ponctuelle pour ceux qui ont plus de deux heures de transport et un quart d'heure d'allongement minimum. À l'époque où l'informatique permet de transmettre à distance et rapidement toutes sortes d'informations, la direction aggrave nos conditions de transport en regroupant, alors qu'il serait techniquement facile d'avoir plusieurs lieux d'implantation qui diminueraient le temps perdu dans les transports.

L'union fait notre force

Le rapprochement du Crédit Agricole et du Crédit Lyonnais n'exclut donc pas l'éclatement du personnel en de multiples sociétés. Dans ce grand chambardement, il faut éviter l'isolement et il est important pour les employés de garder les contacts de service à service, d'entreprise à entreprise, pour continuer à échanger et à faire jouer les solidarités.

Pour l'instant, c'est l'union des profits que les banquiers réalisent en nous réunissant dans un même groupe. Mais les dizaines de milliers de salariés regroupés dans le groupe Crédit Agricole représentent un ensemble qui n'en sera que plus fort quand nous serons en mesure de réagir collectivement.

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