Renault Flins (78) : En Tôlerie Clio, les pressions, ça suffit !09/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/06/une1871.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault Flins (78) : En Tôlerie Clio, les pressions, ça suffit !

À l'usine Renault de Flins, l'atelier OA de Tôlerie, où sont fabriquées les Clio, a été presque arrêté la semaine dernière, les 2 et 3 juin, à la suite d'un débrayage d'une des deux équipes. Ce sont les multiples pressions de la maîtrise, les convocations, les annotations de suivi individuel dans les dossiers, appelés les «S2N», qui ont mis le feu aux poudres.

Après avoir, en janvier, baissé la production et arrêté la quasi-totalité de l'équipe de nuit de Tôlerie en supprimant cinquante postes, la direction a commencé à faire remonter la cadence. À la suite du démarrage du lancement de la Modus à Valladolid en Espagne, une partie de la production des Clio effectuée auparavant dans cette usine se retrouve à Flins. Bien sûr, aucun poste n'a été créé pour faire face à ce travail supplémentaire.

Le 2 juin, en début d'équipe d'après-midi, les travailleurs des Units se sont réunis, au départ à une dizaine, ont fait le tour de l'atelier pour exprimer leur ras-le-bol et dénoncer les pressions sur leurs conditions de travail. Rejoints par les travailleurs des «côtés de caisses» et des «blocs avant», ils ont tenu une réunion à une trentaine de grévistes dans la salle de pause et établi une liste de revendications.

Ils demandaient l'annulation de l'augmentation de la cadence, passée de 459 à 473 véhicules par équipe, ainsi que l'arrêt des installations pendant les temps de pause, afin de ne pas avoir à reprendre à toute allure dès le retour de la pause pour écouler le travail accumulé pendant celle-ci. Il y en avait aussi assez de la surveillance pointilleuse et agaçante de la hiérarchie, de même que des remarques inutilement désobligeantes et des S2N, ces notes désobligeantes dans notre dossier.

Enfin, une menace de sanction avait été proférée envers un camarade qui n'avait pas pu venir une journée pour un problème personnel; ce camarade se retrouvait en «absence injustifiée» puisqu'il n'avait plus de journée dans son capital temps individuel, la direction y puisant allégrement pour ses jours non travaillés.

En colère, les grévistes se rendirent au Ferrage Clio, puis au Montage pour faire connaître leur débrayage et leurs revendications. La direction, à ce moment, refusait de les recevoir, sauf... s'ils avaient repris le travail! L'accueil chaleureux et les discussions renforcèrent encore leur détermination et après ce tour des ateliers, les grands chefs cette fois durent se déplacer pour entendre les grévistes. Ils n'ont pas dû être déçus!

Le lendemain, 3 juin, une dizaine de travailleurs de l'autre équipe, l'équipe 1 du matin, se réunissaient et décidaient de laisser les tapis vides avant chaque pause, ce qui stoppe les robots. Et le débrayage recommença en équipe d'après-midi, presque aussi nombreux que la veille, jusqu'à ce que la direction reçoive les grévistes. Ses propositions ne faisant pas le compte, le débrayage se poursuivit jusqu'à la fin de l'équipe. Bien que la direction ait mobilisé des chefs pour remplacer les grévistes, plus d'une centaine de voitures furent perdues.

Finalement, vendredi 4 juin, en début d'équipe d'après-midi, en réunion, les grévistes décidèrent de reprendre le travail. La direction reconnaissait implicitement la validité de leur mouvement puisqu'elle annonçait trois heures de débrayage payées.

Malgré les conditions de travail et le stress, toujours difficiles à supporter, le moral a marqué des points. Les travailleurs du secteur ont en partie obtenu gain de cause: de fait, les robots ne tournent pas pendant les pauses et tous sont satisfaits de s'être ainsi opposés à la direction, même si cela ne règle pas tout.

Les pressions, permanentes, les cadences que la direction impose aux travailleurs, en particulier dans les secteurs de production, entraînent souvent des coups de colère dans tel ou tel secteur. Un débrayage a également eu lieu dans le secteur de l'Informatique, pour exprimer l'inquiétude des techniciens et même de certains cadres au sujet des suppressions de postes liées à la filialisation de la DTSI (l'informatique de Renault).

Bien sûr, ces coups de colère ne sont que des réponses partielles à la politique de la direction. Il faut souhaiter qu'ils préparent une réaction plus ample, plus profonde et plus décisive.

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