Harkis : Quarante ans après, l'État français toujours muet16/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1863.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Harkis : Quarante ans après, l'État français toujours muet

Les associations de harkis, ces supplétifs algériens utilisés dans les tâches de répression par l'armée française durant la guerre qu'elle mena contre le peuple algérien de 1954 à 1962, protestent contre un projet de loi les concernant.

Ils ont manifesté leur mécontentement le 11 avril dans un courrier adressé à Chirac dans lequel ils réclament le retrait du projet de loi, la démission du secrétaire d'État aux Anciens combattants, Hamlaoui Mekachera, la dissolution de la mission interministérielle aux rapatriés, et la prise en compte des veuves et des orphelins.

Ce projet de loi présenté le 10 mars dernier en Conseil des ministres comporte des mesures d'indemnisation jugées insuffisantes . Mais ce que lui reproche surtout le président d'un des collectifs, Salah Baadache, c'est de ne pas aborder "la principale revendication de la communauté, à savoir la reconnaissance de responsabilité dans le massacre de harkis".

Les harkis, en se rangeant du côté de la France coloniale manquaient certes de conscience. Ils ne furent pas seulement utilisés par l'armée française pour réprimer. Ils servirent aussi aux dirigeants politiques français de l'époque pour tenter de montrer que la population algérienne était attachée à la France et que la révolte n'était le fait que de quelques terroristes. Cela leur valut, du côté algérien, un mépris compréhensible, mais pas pour autant la moindre reconnaissance ou considération de la part de l'État français. Au moment de l'indépendance, ils devinrent encombrants. Ils furent désarmés, livrés sans hésitation à la vengeance de ceux qu'ils avaient combattus ou opprimés et massacrés. La minorité de ceux qui avaient réussi à traverser la Méditerranée fut parquée dans les camps où certains allaient croupir des années.

Les années ont passé. L'État français qui les a utilisés, à l'époque, comme hommes de main, non seulement ne leur promet d'indemnisations qu'au compte-gouttes, mais il ne veut toujours pas avouer officiellement ses responsabilités dans le massacre de dizaines de milliers de harkis. Quarante ans après, il montre toujours son mépris total pour ceux qu'il a colonisés, y compris ceux qui l'ont servi.

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