Hôpitaux de Paris : Toutes les raisons de manifester18/03/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/03/une1859.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpitaux de Paris : Toutes les raisons de manifester

Près de 3000 membres du personnel hospitalier de l'AP-HP (Assistance Publique - Hôpitaux de Paris) ont manifesté jeudi 11mars à l'appel des syndicats de personnels hospitaliers et de syndicats de médecins. Cette journée, planifiée depuis longtemps et consécutive à celle du 22janvier, avait le même objectif fixé par les syndicats: l'opposition au plan hôpital 2007 et au plan d'économies qui va avec. Et ce sont ces restrictions qui ont fait descendre dans la rue les salariés hospitaliers.

Beaucoup de personnels ouvriers et de laboratoire avaient répondu à l'appel. Les hôpitaux avaient rendez-vous au siège de l'AP à Paris; certains ont rejoint la direction centrale en manifestant à partir de leur établissement, comme la Pitié-Salpêtrière. L'ensemble devait ensuite se rendre à Bastille. Les hôpitaux Tenon, Saint-Antoine, Saint-Vincent-de-Paul, Kremlin-Bicêtre, Antoine-Béclère, Henri-Mondor, Georges-Pompidou se remarquaient avec leur banderole parmi d'autres. Mais ce sont surtout les élèves-infirmiers, 300 environ, en mouvement depuis cinq semaines, en tête de cortège, qui donnaient de l'animation à la manifestation. Car c'est parmi eux que l'on pouvait entendre ou lire sur des pancartes la revendication d'ouverture de 1040 postes d'infirmiers gelés, leur affectation sur tous les postes, leur refus de travailler dans des conditions rétrogrades. Certains avaient inscrit au dos de leur blouse des slogans calqués sur ceux des enseignants en mouvement au printemps dernier:"On ferme des lits, des hostos, des écoles, y'en a ras le bol"...

La manifestation s'est terminée par un rassemblement à la Bastille où devaient prendre la parole différents responsables syndicaux ainsi que deux représentants des élèves-infirmiers en mouvement. Ces derniers ont été les seuls à affirmer qu'ils avaient l'intention de continuer à se mobiliser car, pour eux, tous les postes à combler sont prioritaires et ils sont nombreux. Quant aux syndicats, s'ils avaient programmé la journée du 11mars depuis longtemps, ils ne l'ont pas réellement annoncée avec la publicité nécessaire dans la plupart des établissements. Et, alors que le gouvernement passe à l'attaque, ils se sont bien gardés de proposer des perspectives de riposte aux personnels rassemblés. Mais l'allure de la manifestation témoignait d'un mécontentement réel.

La directrice de l'AP-HP elle-même ne peut qu'alimenter ce mécontentement. Les suppressions de postes dans les différents établissements arrivent progressivement. Surnommée Madame Danone, elle a bien l'intention d'oeuvrer à supprimer 4000 postes en quatre ans, dont 920 en 2004, dans tous les corps de métiers de l'hôpital: personnels soignants, administratifs, techniques, ouvriers. Ici et là le personnel commence à se demander à quelle sauce il va être mangé et à faire le compte des postes. À l'hôpital du Kremlin-Bicêtre, à la Pitié-Salpêtrière, les personnels ouvriers ont commencé déjà à se réunir pour faire le point sur la situation.

L'attitude de Madame Danone,à l'image de celle du gouvernement dans tout le secteur public, doit déclencher la nécessaire riposte des personnels hospitaliers. Les élèves-infirmiers en donnent peut-être un avant-goût. Réunis en assemblée générale dans la foulée de la manifestation, ils sont bien décidés à continuer leur mouvement.

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