Recensement : Sur le dos des agents recenseurs22/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1851.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Recensement : Sur le dos des agents recenseurs

Des agents recenseurs ont commencé à sonner aux portes depuis le 15 janvier. Ce recensement inaugure une nouvelle méthode. Plus fréquent, il aura désormais lieu chaque année, mais ne concernera à chaque fois qu'un échantillon de la population. Le changement, prévu par la loi dite "démocratie de proximité" en février 2002, a été voté par la gauche, et la droite commence à l'appliquer.

La fiabilité de ce nouveau système a été contestée par des scientifiques, et également par des maires qui soulignent que ce genre de comptage risque d'oublier un certain nombre de gens et par conséquent de sous-estimer le nombre réel d'habitants. Or, si la population est sous-estimée, la commune concernée recevra moins d'argent de l'État.

Ce recensement introduit un autre changement: l'État en confie la réalisation aux communes, ce qui n'est pas un cadeau. Car, pour recruter les agents recenseurs, il leur attribue une somme insuffisante, qui ne couvrira qu'environ le tiers du coût des opérateurs.

Jean-Michel Charpin, directeur général de l'Insee, l'organisme officiel chargé de chapeauter l'opération, a justifié ce choix auprès des maires récalcitrants. "En matière de rémunération des agents recenseurs, l'Insee n'a pas souhaité sembler s'immiscer dans la gestion des communes", a-t-il déclaré. En fait, sous prétexte d'"autonomie des communes", il leur est demandé de charger encore un peu plus la barque de la taxe d'habitation afin de financer ce recensement. Ce haut fonctionnaire, déjà responsable en 1999, du temps du gouvernement Jospin, d'un rapport contre les retraites des salariés, ne faillit pas à sa réputation.

Charpin distribue les conseils aux maires sur la façon de faire des économies sur le dos des 18000 personnes qui assureront ce recensement: "Rien ne s'oppose à la poursuite d'un paiement des agents recenseurs à l'acte. D'ailleurs, cette formule a été largement employée par les communes qui ont réalisé le test de collecte de janvier 2003", souligne-t-il. Charpin déclare aussi avoir fourni aux maires "toute information souhaitée sur les niveaux de rémunération des agents recenseurs lors du recensement de mars 1999". Lors de cette opération, le gouvernement avait établi un barème extrêmement bas, les agents recenseurs n'avaient guère touché plus de 3200 francs pour des visites dans 300 logements. Les délégués chargés de rassembler les formulaires, pour la plupart chômeurs, recrutés à temps partiel, avaient protesté contre des semaines de travail effectif oscillant entre 50 et 60 heures.

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