Chômeurs : Plus de contrôles, mais pas plus d'emplois22/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1851.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Chômeurs : Plus de contrôles, mais pas plus d'emplois

Selon l'ancien directeur de l'ANPE, Jean Marimbert, il faudrait désormais contrôler les chômeurs de plus près: tel est le sens du rapport qu'il a fourni au ministre des Affaires sociales mercredi 14 janvier. Il déplore que les "abus" soient insuffisamment sanctionnés, à cause du système et du manque de personnel qui ne permettent pas d'effectuer des contrôles corrects.

Il constate tout d'abord que les agents de l'ANPE et de l'Unedic, considérant que "leur métier est de fournir des services aux demandeurs d'emplois", répugnent à traquer -c'est tout à leur honneur- ceux qu'il appelle les "faux chômeurs". Leur nombre serait plus important que les chiffres relevés, qui sont infimes. Pour étayer cette assertion, il se réfère au "sentiment" prévalant dans la population "que si la plupart des chômeurs le voulaient vraiment, beaucoup pourraient retrouver un emploi". Comme si les préjugés qui règnent valaient preuve! 2 030 personnes ont été exclues du système d'indemnisation en 2000, et 1 705 en 2001, soit respectivement 0,08% et 0,09% du nombre de chômeurs indemnisés, Marimbert trouve que ce n'est pas assez: "Une vingtaine de cas par département et par an reflète tout de même assez mal la perception diffuse que la population et les acteurs de terrain (...) peuvent avoir de ce phénomène."

Pour y remédier, il propose, d'une part, de rapprocher les services qui s'occupent des chômeurs afin qu'ils coopèrent plus et, d'autre part, d'intensifier les contrôles en créant, d'ici à deux ans, un contrôleur à temps plein pour dix mille emplois indemnisés.

À défaut de créer des emplois, ce dont le gouvernement est bien incapable puisqu'il accède à tous les désirs du patronat et montre lui-même la voie en réduisant le personnel dans les services publics, cette mesure permettra de faire la chasse aux chômeurs et d'en radier des listes, sous prétexte de limiter les abus. Même si quelques individus trouvent la faille pour toucher des allocations chômage auxquelles ils n'auraient pas droit, ces fraudeurs n'ont pas l'envergure d'un Jean-Marie Messier, ou de quelques autres qui n'ont pas été pris la main dans le sac. Mais pour l'immense majorité des chômeurs, qui cherchent en vain un travail, les allocations sont une des dernières ressources qui leur évite de tomber dans la pauvreté totale.

Ce rapport arrive à point pour conforter la propagande contre les chômeurs, et plus généralement contre les travailleurs, que développe le gouvernement, qui cherche à les faire passer pour des fainéants, des nantis, voire des escrocs. Cette démagogie exclut de toute responsabilité dans la cause du chômage les nantis, ceux qui détournent à leur seul profit le produit du travail de millions de personnes et licencient par milliers quand cela leur permet d'accroître encore plus leurs bénéfices.

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