Argentine : Après la fin de la dictature, la torture restait enseignée par l'armée22/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1851.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Argentine : Après la fin de la dictature, la torture restait enseignée par l'armée

En Argentine, les forces armées sont à nouveau sur la sellette. Des photos prises en 1986 à la base militaire de Quebrada de la Cancha, dans la province de Cordoba, révèlent que les militaires, pour former des "commandos d'élite", continuaient de s'exercer à la torture sur des soldats. Ces pratiques se seraient poursuivies jusqu'en 1994. Cette nouvelle est publiée un peu plus d'un mois après que la presse a fêté "vingt ans de démocratie" dans ce pays.

L'armée argentine, comme la police, ont une mauvaise réputation, méritée. Le souvenir de la dictature reste vif. Beaucoup cherchent encore ce qu'il a pu arriver à des parents disparus pendant la dictature.

Les antécédents des militaires argentins, comme des pays d'Amérique latine, sont marqués par l'utilisation, depuis bien longtemps, de la torture. Dans les années soixante, par exemple, après le succès de la révolution cubaine en 1959, les appareils d'État de la région se préparèrent à la confrontation avec des guérilleros. Cette préparation fut méthodiquement mise en oeuvre, avec l'aide des États-Unis qui dépêchèrent partout des "conseillers militaires" chargés de former les cadres des armées aux moyens de répression. À l'occasion, ils firent appel à des "consultants extérieurs", des officiers de l'armée française ayant fait leur preuve en Algérie, comme le général Aussaresse, qui vinrent transmettre leur sinistre "savoir-faire".

Dans les années soixante et soixante-dix, les États-Unis donnèrent le feu vert aux militaires pour en finir avec la contestation des militants ouvriers ou des guérilleros, notamment au Brésil (1964), en Uruguay (1972), au Chili (1973) ou en Argentine (1976). Dans ce pays, elle provoqua la mort d'environ 30000 personnes, dont une majorité d'ouvriers et d'employés qui avaient fait des grèves, notamment dans le centre industriel de Cordoba.

Depuis vingt ans, les militaires argentins ont cédé les rênes à des politiciens civils, mais ils continuent de se préparer contre d'éventuels troubles intérieurs.

La réaction des différents politiciens argentins, notamment celle du radical Alfonsin et du péroniste Menem qui se sont succédé à la présidence, n'a rien à envier à celle des politiciens français de la IVe République, notamment ceux du Parti Socialiste, quand on leur demandait des comptes sur la torture pratiquée par les paras français en Algérie. Alfonsin a en effet déclaré "ne rien savoir" et Menem a rejeté "toute responsabilité". Ces politiciens tiennent, l'un comme l'autre, à passer l'éponge sur les crimes de l'armée pendant la dictature, comme ils l'avaient déjà fait lors de leur passage à la présidence. L'armée peut encore être utile pour un nouveau "rétablissement de l'ordre".

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