Leur société

Aide à domicile : On va craquer !

À l'Amsad (Association médico-sociale à domicile), nous sommes 350 femmes auxiliaires de vie qui assurons des soins, ainsi que l'entretien, les courses et certaines démarches, pour les personnes âgées du 20e arrondissement de Paris. L'association comprend également un service de soins infirmiers à domicile.

Depuis longtemps, nous avons des raisons de revendiquer: salaire insuffisant (pour dix ans d'ancienneté, à peine 8 euros de l'heure, et encore, après un stage nous donnant la qualification "d'auxiliaire de vie"), paye horaire, dont le montant mensuel est irrégulier, absence de tickets restaurant, et pas même un local pour se restaurer à midi (ce qui est pourtant l'obligation minimum légale). De 13 heures à 14 heures, on se gèle dans la rue avec nos sandwiches à la main.

Depuis des années, nous réclamions d'être mensualisées. L'association nous a alors fait miroiter l'annualisation, c'est-à-dire l'obligation de faire 1600 heures par an contre un salaire plus régulier. Mais, en échange, nous devions accepter tous les clients, même si on ne s'entend pas avec eux ou même s'ils sont malades mentaux, ce qui arrive souvent et nécessite d'autres compétences. Depuis, plusieurs avertissements sont tombés pour obliger les auxiliaires de vie à respecter ces conditions.

Surtout, alors que jusqu'à présent chaque employée avait un secteur défini, nous sommes maintenant obligées d'aller n'importe où dans l'arrondissement. Les temps de trajet s'allongent jusqu'à trois quarts d'heure entre deux clients. Or nous n'avons chaque mois que sept heures par mois de trajets payées. On peut parfois perdre ces sept heures en une semaine. Les trajets supplémentaires sont à prendre sur notre temps et notre fatigue personnels.

Nous sommes censées apporter aide et réconfort aux personnes âgées, mais on est en train de puiser dans nos réserves physiques.

Les prix des mutuelles et des assurances complémentaires vont considérablement augmenter tout au long de l'année. Le président de la Mutualité française annonce une hausse "de 10% en moyenne" en 2004, parce que, parmi les dépenses de santé qui ne seront plus remboursées par la Sécurité sociale, plus d'un milliard d'euros seront reportés sur les mutuelles.

À force de diminuer les dépenses prises en charge par la Sécurité sociale, les gouvernements successifs ont aggravé la situation: seuls ceux qui ont les moyens de suivre cette hausse pourront continuer à se soigner même si cela rogne encore leur niveau de vie. Pour les autres -ceux justement dont les ressources sont insuffisantes- la part qu'ils ont à assumer sans remboursement ne cesse d'être augmentée ce qui veut dire qu'ils risquent d'attendre trop longtemps avant de se soigner ou de réduire les temps de traitement faute de moyens suffisants. Dans tous les cas le plan d'économies sur la Sécurité sociale imposé par Raffarin et son ministre Mattei se fait sur le dos des classes populaires qui en paient la note. Ainsi au 1er janvier le forfait hospitalier, créé en 1983 par le ministre socialiste Bérégovoy pour couvrir les frais d'hébergement du malade, a augmenté de près de 22% . Depuis le 1er janvier également, les soins réalisés avant ou après une hospitalisation pour une intervention chirurgicale ne sont plus remboursés à 100% par l'assurance maladie. Par exemple la consultation préalable à l'anesthésie ne sera remboursée qu'à 70% et les éventuelles séances de rééducation après l'opération qu'à 60%. Les malades doivent, soit régler 30 à 40% de la facture de leur poche, soit se les faire rembourser par leur mutuelle quand ils en ont une.

Quant aux compagnies d'assurances, qui entrent en concurrence avec les mutuelles en proposant des "complémentaires santé", elles ne sont pas les dernières à appliquer des hausses de tarifs. Ainsi, sans attendre les nouveaux déremboursements de la Sécurité sociale, les AGF avaient augmenté leurs primes de leurs "complémentaires santé" de 8% sur l'année 2003. Pour ces compagnies d'assurances, il n'est pas question d'écorner les bénéfices qu'elles engrangent, c'est à leurs clients de payer de plus en plus. Quand le président des AGF, Jean-Philippe Thierry, annonce que l'année 2004 doit permettre "une nouvelle amélioration de la rentabilité" pour ce groupe déjà richissime, on sait déjà qui va en faire les frais.

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