Leur société

Progression de la pauvreté : De plus en plus de damnés de la terre

Le dernier portrait social tiré par l'INSEE montrait qu'entre 1996 et 2000, le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté avait légèrement fléchi, passant de 7,2 à 6,5%. Malheureusement, depuis cette date, le chômage a recommencé à croître et avec lui la misère. Le Secours catholique vient de publier ses chiffres qui concernent la progression de la pauvreté entre 2001 et 2002. Elle a augmenté de 2,3%.

Cette association, qui accueille et vient en aide aux plus défavorisés, estime qu'au cours de l'année elle s'est occupée de 1,6 million de personnes, dont 745000 enfants.

La grande majorité des personnes accueillies ont entre 25 et 50 ans (69%), mais elle note désormais une progression de la misère dans la tranche des 50-59 ans.

Les familles monoparentales sont parmi les plus touchées. Elles représentent 8,4% de la population française mais 28,8% des personnes demandant de l'aide à cette association.

Sont également victimes de la pauvreté les travailleurs saisonniers, ceux qui travaillent à temps partiel ou les salariés dont le travail est précaire. Or, avec la multiplication des plans sociaux et la progression du chômage, ce sont plutôt ces emplois mal payés et peu stables qui se multiplient; la misère ne peut que prospérer sur un tel terreau.

Si, dans les statistiques en question, le nombre des personnes ayant un travail ou proches du marché du travail a reculé de 43 à 39,1% depuis 1999, c'est en fait parce que dans le même temps augmentait "le nombre des chômeurs sans droits, c'est-à-dire des gens qui sont radiés des listes Assedic et perdent ainsi tous leurs droits". Ceux-ci sont désormais 20,9% de l'ensemble, avec une progression de 2,8 points. Et le rapport commente: "On ne peut pas se contenter de rayer les gens des listes ou d'éviter de faire en sorte de les inscrire. Cela réduit les chiffres, mais les gens, eux, restent".

41,5% des personnes n'ont que des prestations sociales pour vivre (RMI, allocations familiales, pour handicapés et pour le logement). Mais 12,5% n'ont plus rien. Les 60,7% sans aucun travail (970000 personnes environ) sont 4% de plus que l'année d'avant. Le nombre de familles immigrées parmi les personnes aidées augmente également: 27% contre 24% auparavant.

Les responsables du rapport estiment que cette progression de la pauvreté devrait se poursuivre. Comment pourrait-il en être autrement, avec un patronat qui licencie à tour de bras et un gouvernement qui rogne les budgets sociaux par tous les bouts: allocation spécifique des chômeurs en fin de droits, montant des pensions, minimas sociaux? Tout cela ne peut conduire qu'à enfoncer un peu plus dans la misère et à transformer en parias de la société un nombre grandissant d'anciens salariés rejetés du système par cette machine à exclure qu'est le capitalisme.

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