Budget de la Sécu : L’insécurité sociale05/11/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/11/une1840.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Budget de la Sécu : L’insécurité sociale

Les mesures prévues dans le budget de la Sécurité sociale qui vient d'être voté à l'Assemblée nationale ont été présentées par le ministre de la Santé, Jean-François Mattei, comme un simple «colmatage» destiné à limiter provisoirement le déficit. A l'en croire, les choses sérieuses commenceront dans neuf mois, avec une véritable «réforme» de la Sécurité sociale. On peut être certain que cette «réforme» brutale se soldera par une attaque contre les assurés sociaux, rééditant dans le domaine de la santé ce que le gouvernement a fait pour les retraites. Mais ce n'est pas pour autant qu'il reste l'arme au pied, et les mesures déjà prévues, loin de se limiter à du colmatage, sont déjà des atteintes à l'accès aux soins des assurés.

A commencer par la hausse du forfait hospitalier, qui passe de 10,67 à 13 euros, et qui va se traduire par une ponction de 180 millions d'euros payés par les malades. Le déremboursement d'un certain nombre de médicaments, dits à «service médical rendu» insuffisant, est également au programme. On a vu fin septembre comment le déremboursement de 86 de ces médicaments avait abouti à une flambée de leurs prix. En 2004, 400 autres produits vont être déremboursés et, en 2005, il y en aura 130. L'opération sera sans effet sur les bénéfices des trusts pharmaceutiques qui pourront librement fixer leurs prix sur ces médicaments, mais pas sur le porte-monnaie des malades qui voudront continuer à utiliser ces produits qui les soulagent.

Une moindre prise en charge des soins post-opératoires à l'issue de l'hospitalisation est également programmée et le gouvernement a annoncé qu'il fera la chasse aux dépenses liées aux admissions en affectation de longue durée qui étaient remboursées intégralement. Pour les trois millions de personnes dépourvues de couverture complémentaire, toutes ces décisions se traduiront par une incitation à se soigner moins.

Quant à tous ceux qui sont affiliés à une mutuelle ou une assurance santé, il leur faudra payer plus cher. Une augmentation de 10% des primes versées aux mutuelles et aux compagnies d'assurances est déjà programmée.

Et puis le gouvernement a ajouté dans le panier quelques mesures, comme le non-remboursement des visites destinées, par exemple, à obtenir un certificat médical exigé pour une licence sportive, décision contre laquelle se sont élevées les associations de parents d'élèves.

Loin de «colmater», comme il le prétend, Mattei continue à creuser des brèches dans le budget des assurés sociaux.

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