Salaire au "mérite" : La grande émulation contre les salaires18/09/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/09/une1833.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Salaire au "mérite" : La grande émulation contre les salaires

Le gouvernement mène actuellement campagne pour développer le salaire au "mérite" pour les personnels de la Fonction publique. Le ministre chargé de ce secteur, Delevoye, évoque le "prix de la responsabilité" et veut "mettre en place un système permettant de reconnaître la valeur de chaque agent"! Selon lui, "dans une société qui bouge, personne ne peut imaginer que le service public ne s'adapte pas".

Comme si le "mérite" tel que ces messieurs le conçoivent n'entrait déjà pas actuellement en ligne de compte dans le calcul du salaire des fonctionnaires. Défini par la hiérarchie, il intervient dans l'établissement de leur rémunération, sous forme d'une plus ou moins grande rapidité d'avancement dans les barèmes de salaire. Ainsi deux fonctionnaires ayant commencé à travailler en même temps peuvent partir à la retraite avec des différences de salaires très importantes. Quant aux primes, elles ne sont pas nouvelles. Leur montant et la proportion qu'elles occupent dans la rémunération globale augmentent à mesure... que l'on grimpe vers les sommets de la hiérarchie de la Fonction publique.

Cette campagne vise à accentuer les divisions entre les fonctionnaires sous couvert de "mérite" et intervient alors que le gouvernement rencontre les fédérations syndicales de ce secteur, afin de discuter des salaires. Ces derniers n'ont fait que décrocher par rapport à l'inflation, pour les travailleurs de la Fonction publique comme pour tous les travailleurs. Le gouvernement veut surtout ne rien lâcher. Il envisage de réduire le nombre de fonctionnaires et d'augmenter la "productivité" de tous.

Dans les entreprises privées, le système du salaire au mérite est répandu, il contribue à réduire le salaire de base, à freiner les syndicalistes et les travailleurs trop "remuants", qui sont écartés des augmentations individuelles, qui ne sont pas attribuées au "mérite", mais à la tête du client. Quant à l'encadrement, il en bénéficie substantiellement, sous forme de primes de résultat.

La campagne du gouvernement n'est pas innocente. Elle s'inscrit dans une démagogie contre les fonctionnaires, sous prétexte de justice et d'efficacité, mais elle vise à augmenter les divisions salariales dans la Fonction publique et, plus globalement, à réduire la masse salariale. À tous les travailleurs concernés d'y répondre de la seule façon que cette campagne mérite.

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