Le "monsieur plus encore" du patronat18/09/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/09/une1833.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le "monsieur plus encore" du patronat

"Seillière: les entreprises doivent embaucher", titrait mardi 16 septembre le quotidien patronal Les Échos, qui ouvrait ses colonnes au patron des patrons, Ernest-Antoine Seillière, l'héritier des maîtres de forges De Wendel. Mais quand un grand patron parle d'embauche, c'est pour profiter plus encore...

Au moment même où la plupart des grands groupes industriels du pays, ceux qui affichent de plantureux profits, et bien d'autres entreprises de moindre taille, annoncent plans sociaux sur plans sociaux, Seillière a le culot de déclarer qu'"énormément d'entreprises ont des possibilités d'emploi", mais qu'elles seraient "dissuadées par des réglementations défavorables à l'embauche". Pour le patronat, l'emploi n'est qu'un prétexte, ce qu'il veut c'est que tout le code du travail parte à la poubelle.

En attendant ce monde idyllique pour le patronat, sans entraves et sans lois sociales, les patrons sont invités à profiter au maximum des avantages déjà existants, et notamment de tous les dispositifs qui associent embauches et exonérations fiscales ou allégements des charges patronales. "Les dispositions sur les contrats-jeunes ou entreprise sont très intéressantes et permettent l'embauche de jeunes peu formés"... et plus malléables?

Il souhaite aussi que soit "améliorée l'adaptabilité des salariés", pour qu'au gré des besoins du patronat ils puissent "changer d'orientation, voire de métier". C'est d'ailleurs ce qui doit se négocier au titre de la formation professionnelle.

Le patronat rêve à voix haute de salariés embauchables à son gré, à ses conditions, à son tarif et, autant que possible, corvéables à merci.

Qu'attendent Seillière et le monde patronal du gouvernement Raffarin, pourtant aux petits soins pour lui? Encore plus! "L'attente des entreprises est extrêmement forte". Seillière souhaite une fois encore des abaissements de charges mais il ne les attend plus désormais de nouveaux dispositifs ponctuels.

Pour lui, la position du patronat se renforcera avec de nouvelles pseudo-réformes comparables aux attaques lancées par le gouvernement Raffarin contre les retraites, dont il se dit satisfait. Mais c'est aussitôt pour engager "le gouvernement à accélérer la mise en place de la réforme".

Les prochaines étapes qu'il attend: de nouvelles "réductions budgétaires" dans les budgets publics dès 2005, mais aussi qu'on aille au bout de la remise en cause de la situation des personnels de l'Éducation nationale, en partie suspendue par le mouvement du printemps dernier, et la remise en cause de l'assurance-maladie. Et cela, le patronat l'exige dès 2004. Enfin, félicitant au passage le gouvernement Jospin d'avoir entamé la réforme de la taxe professionnelle, il souhaite qu'elle se poursuive. Il est choqué que la "taxe professionnelle reste un moyen des élus locaux pour augmenter leurs ressources". Que l'argent du patronat serve à la collectivité, c'est à ses yeux insupportable!

Que tout l'argent, que tous les moyens aillent à la minorité de possédants, voilà le mot d'ordre. Pour Seillière, les patrons et les actionnaires ne s'en porteront que mieux. Il est urgent que le monde du travail se mobilise pour empêcher ce petit monde de profiter en rond!

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