Guadeloupe : La grève des travailleurs de la plantation Bellevue18/09/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/09/une1833.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Guadeloupe : La grève des travailleurs de la plantation Bellevue

Depuis le 16 juillet, 16 travailleurs sur 17 que compte la plantation Bellevue à Baillif (dans la région de Basse-Terre) sont en grève. Ils réclament le paiement des jours fériés légaux, l'organisation d'élections de délégués du personnel, la résolution des problèmes de sécurité, l'annulation de la procédure de licenciement pour fait de grève concernant 14 ouvriers, le retrait de la mutation-sanction d'un ouvrier, le paiement des jours de grève. Le patron Lignières, lié à la famille de possédants békés (blancs locaux) du même nom, s'était engagé à payer les jours fériés après une première grève en mai dernier mais n'a donné aucune suite à cette promesse verbale. Même la journée du 14 juillet n'a pas été payée. Il propose de ne payer que deux jours fériés: le 1ermai et le 27 mai (journée commémorative de l'abolition de l'esclavage). Il a assigné les ouvriers en justice pour "entrave à la liberté du travail" et a trouvé un juge pour lui donner raison. C'est ainsi que le 1er août dernier la police est intervenue pour intimer l'ordre aux travailleurs en piquet de grève de quitter les lieux.

La CGTG, syndicat auquel sont affiliés les travailleurs, a organisé un rassemblement à Basse-Terre pour soutenir les grévistes. Plusieurs tracts d'information ont été distribués à plusieurs reprises à la population et une conférence de presse a été organisée.

Le patron se montre particulièrement arrogant à l'égard des ouvriers. Il pense sans doute que le fait que la majorité d'entre eux est constituée d'immigrés haïtiens l'y autorise et que, du fait de leur situation d'immigrés, ces travailleurs n'oseront pas durcir leurs actions. Mais ces camarades ont le soutien de la confédération et des autres travailleurs de la banane. C'est ainsi que les travailleurs de la CGTG se sont retrouvés en nombre devant la gendarmerie de Basse-Terre pour soutenir leurs camarades convoqués. En effet, suite à une plainte du patron pour de prétendues agressions verbales et physiques, un certain nombre d'entre eux avaient été convoqués à la gendarmerie.

Début septembre, l'inspecteur du travail qui donne raison aux grévistes a organisé une médiation. Un protocole d'accord de fin de conflit a été rédigé. Le patron affirme catégoriquement que jamais il ne signera. On a déjà entendu cette chanson chez bien d'autres patrons. En attendant, les travailleurs tiennent bon, sachant que seule leur détermination sera un gage de victoire, d'autant que leurs revendications ne sont, somme toute, que parfaitement légales au regard du droit du travail.

Le contraste est donc frappant, entre la rapidité avec laquelle les patrons de la banane ont obtenu satisfaction de la part des dirigeants locaux et de l'État volant à leur secours, et les deux mois de grève d'ouvriers surexploités qui eux, bien sûr, ont tort aux yeux de ces mêmes gens puisque travailleurs, grévistes et... immigrés haïtiens.

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