France Télécom : Orange juteuse pour les actionnaires18/09/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/09/une1833.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

France Télécom : Orange juteuse pour les actionnaires

Au plus fort de la bulle spéculative qui, en 2000, avait fait envoler les valeurs des télécommunications à la Bourse, France Télécom avait acheté, à prix d'or, une large majorité du capital d'Orange, société spécialisée dans le téléphone mobile, qui était, du coup, devenue sa filiale.

Cependant il restait près de 14% des actions d'Orange qui ne lui appartenaient pas. France Télécom vient d'annoncer son intention de les acheter, faisant au passage un beau cadeau aux actionnaires d'Orange. Elle ne propose pas d'échanger leurs actions contre celles de France Télécom, selon leurs valeurs actuelles à la Bourse, elle leur accorde une prime de plus de 21%. Les salariés apprécieront comme il se doit cette générosité avec les actionnaires, alors que la direction prétend justifier son plan de suppression d'emplois et l'aggravation des conditions de travail par la nécessité de faire des économies!

Et les faveurs aux actionnaires ne s'arrêtent pas là. Les dirigeants de France Télécom comptent doper la valeur boursière de leur société par le rachat à 100% d'Orange. En effet, le téléphone mobile est un secteur où la clientèle s'accroît et les factures des usagers s'alourdissent. Les banquiers devraient également être rassurés. Le versement de 9 milliards d'euros de l'État à France Télécom, décidé en avril dernier, les avait satisfaits. Maintenant, l'intégration des bénéfices d'Orange dans France Télécom devrait achever de les convaincre qu'ils peuvent espérer gagner beaucoup en lui accordant de nouveaux prêts. Sans de trop grands risques.

Dans l'immédiat, le rachat complet d'Orange se traduit par l'émission de nouvelles actions France Télécom (destinées aux anciens actionnaires d'Orange), ce qui, automatiquement, réduit la part du capital détenue encore par l'État de 58,7% à 54%. Comme l'ont souligné les syndicats CGT et SUD, cette opération pourrait donc constituer une nouvelle étape vers la privatisation complète de France Télécom. D'ailleurs le gouvernement vient de déposer un projet de loi qui lui en donnera l'autorisation. Mais cette hypothèse n'est pas la seule possible. Il est possible que le gouvernement et la direction de France Télécom choisissent d'imposer les suppressions d'effectifs et autres attaques systématiques contre les salariés, tout en gardant une part de capital public, si cela facilitait de nouveaux prêts des banques, qui apprécient les profits sans risque.

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