Retraites : Le temps de la riposte - tous ensemble participonsaux manifestations et aux grèves24/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1812.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites : Le temps de la riposte - tous ensemble participonsaux manifestations et aux grèves

C'est l'ensemble de la population laborieuse, salariés, retraités, chômeurs, ceux qui ont les plus faibles moyens de vivre, qui se trouvent agressés par l'ensemble des mesures confirmées ces derniers jours, sur les retraites d'abord, mais aussi sur les plus élémentaires droits à se faire soigner. Cette avalanche d'annonces contre les conditions de vie de ceux qui sont en bas de l'échelle, mais qui produisent tout dans ce pays, montre que l'heure est à la riposte collective, la plus large et la plus déterminée.

Sur les retraites, les deux ministres qui ont reçu successivement les dirigeants de toutes les confédérations syndicales, le ministre du Travail, Fillon et le ministre de la Fonction publique, Delevoye ont confirmé ce que leurs chefs de cabinets avaient transmis une semaine auparavant.

Pour la fonction publique, ils confirment les 40 ans de cotisation obligatoire en 2008 pour avoir droit à une pension complète, pour les fonctionnaires et assimilés, ce qui comprend les personnels des hôpitaux; la baisse nette de leurs rémunérations de 2,5% au 1er janvier 2004 par le biais d'une augmentation de 32% de leur cotisation vieillesse; une décote de 3% par année manquante. Mais, en plus de tout cela, ces millions de salariés, comme les millions de retraités actuels, ont pu apprendre qu'ils seront spoliés d'une partie de leur retraite par le changement du mode de calcul de la revalorisation des pensions.

Ce changement, parallèle à celui qui a été mis en place discrètement par Balladur en 1993, qui fait que ce n'est pas l'évolution des salaires qui sert de référence mais la hausse officielle des prix, va entraîner à lui seul, en quelques années, une baisse des retraites de 20 à 30%.

Pour amortir le choc que pourrait avoir une riposte à ces attaques contre des salariés pas encore mis à la redresse sur les régimes de retraites, la seule mesure "d'apaisement" de la part du gouvernement a été d'en exclure "pour le moment" les salariés de la SNCF, de l'EDF et de la RATP. Après la réaction de décembre 1995 qui a été emmenée par les cheminots, après le désaveu exprimé par le personnel de l'EDF face au projet gouvernemental, le gouvernement a préféré manoeuvrer et reculer le traitement de ces catégories de salariés. Mais leur sort est lié à celui des autres. Leur seule protection sera justement de refuser de se laisser endormir par cette façon de faire, cousue de fil blanc.

Quant aux salariés du privé, Fillon essaye de cacher sa volonté de remise en cause. Mais il n'y a aucun doute sur la façon dont ils vont être attaqués à leur tour. L'allongement de la durée de cotisation nécessaire pour une retraite à taux plein est affirmée comme principe, une fois que le secteur public aura été amené à la régression commune des 40 ans de cotisation. Dès 2008, la durée de cotisation sera encore revue à l'augmentation, et ensuite automatiquement tous les cinq ans. De combien? Le patronat vient de mettre les pieds dans le plat: pour lui, ce sera 42 ans d'entrée et ensuite rapidement 45 ans.

Le patronat exige même que cela soit inscrit dans la loi. De toute façon, il annonce qu'il l'imposera à la rentrée, avec la remise en cause du traitement des retraites complémentaires, dans lequel il est totalement maître du jeu face aux syndicats. Pour Seillière et ses amis, Sarkozy en tête, le frère de l'autre et responsable de la politique "sociale" du patronat, le temps de la retraite à 60 ans est fini. Il faut dans l'immédiat la retraite à 65 ans avec la baisse des cotisations que paye encore le patronat. Pour garder les salariés anciens au travail? Pas du tout! Pour les confier, en tant que chômeurs, à la collectivité. Rappelons qu'aujourd'hui l'âge moyen de cessation d'activité est de 57 ans et demi.

Le patronat compromet ainsi les contorsions diplomatiques du gouvernement? Sans doute, mais il s'en moque. Il sait ce qu'il veut, et il se croit tout permis, tant il méprise les travailleurs et se croit en position de force.

Il est urgent de riposter, car les conséquences de ces attaques se verront dans un avenir très proche. Elles visent à baisser les revenus du monde du travail et garantir des profits toujours plus insolents au patronat. Celui-ci non seulement n'aura pas un centime à payer, mais compte économiser des milliards de cotisations, comme il en économise en ce moment en licenciant à tour de bras, par dizaines de milliers à travers tout le pays, afin de réduire le montant de ce qu'il paye à l'ensemble des travailleurs, même si cela se traduit par la détresse et la misère.

Les attaques ne se limitent pas aux retraites. Déjà est en marche la remise en cause des droits à se soigner voulue par le gouvernement pour aller, à la mode américaine, vers les assurances privées pour ceux qui voudront être soignés. L'annonce du non-remboursement d'un certain nombre de médicaments, au cours du week-end de Pâques, n'est autre qu'une mise en condition pour faire passer bien plus à la rentrée.

Le gouvernement et son maître le patronat profitent de chaque recul pour en préparer un autre. Les prétendues négociations sur ce point, non seulement n'ont aucun sens, mais sont en réalité une arme de démobilisation et de mensonges entre leurs mains pour organiser chaque nouveau recul. Le seul langage que ces gens-là peuvent comprendre est celui de la force, de la force collective immense que peut représenter le monde du travail mobilisé pour la défense de ses droits à une vie digne.

Les confédérations syndicales appellent à faire du 1er mai une protestation contre l'ensemble de ces attaques, et elles programment un certain nombre de journées de grève et de manifestations pendant le mois de mai. Les travailleurs, les retraités, les chômeurs, toutes les catégories de la population laborieuse ont intérêt à se saisir de chaque manifestation, de chaque grève pour en faire un succès et montrer publiquement leur volonté de ne pas se laisser faire. Lutte Ouvrière appelle chacun à se mobiliser et à participer à toutes ces initiatives pour en assurer partout le plus grand succès.

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