Médicaments moins remboursés : Les profits avant la santé24/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1812.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Médicaments moins remboursés : Les profits avant la santé

En douce, durant le week-end de Pâques, le gouvernement a publié au Journal Officiel une liste de plus de 600 médicaments qui ne seront désormais remboursés qu'à 35%, au lieu de 65% jusqu'à présent. Certains d'entre eux, comme le Voltarène (anti-inflammatoire), le Zovirax (anti-herpès), le Vogalène (anti-nauséeux) ou le Zyrtec (anti-allergique), sont très connus et très souvent prescrits.

Pour justifier cette décision, il invoque le fait que ces médicaments auraient une "efficacité thérapeutique modérée". Cette classification a surtout l'avantage de ne rien dire et de permettre au gouvernement toutes sortes de manipulations car, ou bien ces médicaments ne servent à rien, auquel cas il faut en interdire la fabrication et la vente, ou bien ils ont une utilité, et il faut les rembourser.

Les représentants des mutuelles ont immédiatement réagi à l'annonce de cette mesure, arguant du fait qu'elles vont faire les frais des trois cents millions d'euros d'économies que le gouvernement en attend, et qu'elles devront se rattraper en augmentant leurs cotisations.

Une chose est sûre: au fil du temps, la liste des médicaments qui ne sont plus ou presque plus remboursés ne cesse de s'allonger. Tout cela au détriment des malades qui, s'ils n'ont pas une bonne mutuelle ou les moyens de payer, peuvent de moins en moins se soigner correctement.

En fait, les préoccupations du gouvernement n'ont rien à voir avec une logique de santé publique. Mettant une fois de plus en avant le prétendu "trou" de la Sécurité sociale, il nous dit qu'il faut revoir les dépenses à la baisse, et plus particulièrement celles concernant les médicaments, qui constituent l'un des gros postes budgétaires de la Sécu. Mais ce n'est pas à l'industrie pharmaceutique, qui bénéficie pourtant d'une véritable rente grâce aux prescriptions et aux remboursements, qu'il demande des sacrifices, pas plus qu'il ne remet en cause les exonérations de charges accordées aux entreprises, qui contribuent pourtant largement au déficit de la Sécurité sociale.

Comme ses prédécesseurs, Raffarin a fait des choix: pour garantir la santé des profits des trusts pharmaceutiques comme de toutes les autres entreprises, il est prêt à rogner toujours plus sur le service public de santé, quitte à revenir des décennies en arrière.

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