Irak : La reconstruction - un marché juteux pour les entreprises américaines24/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1812.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : La reconstruction - un marché juteux pour les entreprises américaines

La "reconstruction" de l'Irak offre un marché évalué pour l'instant à au moins 100 milliards de dollars, à raison de 20 milliards par an. Avant même que les combats ne cessent, les États-Unis ont montré qu'ils entendaient garder la part du lion pour les entreprises américaines, et la venue de Jay Garner, soi-disant pour assurer la reconstruction politique du pays, est aussi symbolique du fait que les Américains entendent exercer leur contrôle direct.

La firme Bechtel, la plus importante entreprise de travaux publics américaine, s'est ainsi vu attribuer un marché de 680 millions de dollars, sur les 2,5 milliards actuellement votés par le Congrès. L'USaid (l'agence américaine pour le développement international qui, sous prétexte d'aide, est la seule à distribuer les marchés) justifie le choix des entreprises américaines par la législation des États-Unis, qui lui interdit de passer des contrats avec des entreprises étrangères, et celui de Bechtel par le fait que c'est une entreprise importante ayant déjà travaillé en Irak. En réalité, après qu'une filiale d'Halliburton -le groupe dirigé par Dick Cheney avant son accession à la vice-présidence- se fut vu attribuer le contrat d'extinction et de remise en état des puits de pétrole, le choix de Bechtel montre que des dirigeants américains favorisent les entreprises qui leur sont proches. Bechtel a versé, ces trois dernières années,1,3 million de dollars à différents candidats, en majorité républicains; parmi ses administrateurs se trouvait George Schultz, devenu par la suite secrétaire d'État de Reagan, et son président actuel a été nommé par Bush membre du Conseil de l'exportation. Tout un programme!

Ces attributions de marchés ne se font pas sans grincements de dents, y compris aux États-Unis, où il est reproché à Bush de ne pas procéder à des appels d'offres et de privilégier les capitalistes amis du camp républicain au détriment des autres. A cela s'ajoutent les récriminations des gouvernements des pays membres de la coalition, surtout la Grande-Bretagne qui, tout en ayant participé à la guerre aux côtés des Américains, voit les gros marchés lui passer sous le nez. Ainsi, alors que les troupes britanniques se battaient encore pour la prise du port d'Oum Qasr, la société américaine SSA (Stevedoring Services of America) décrochait un contrat de 4,8 millions de dollars pour l'administration portuaire de la ville.

Quant aux autres pays, tels la France, la Russie ou l'Allemagne qui multiplient actuellement les appels du pied au gouvernement américain et insistent pour que l'ONU contrôle la reconstruction de l'Irak afin de pouvoir obtenir leur part du gâteau, ils risquent de se voir totalement évincés de cette course au profit. Déjà, en 1991, alors qu'ils suivaient les États-Unis dans la guerre du Golfe, ces derniers avaient raflé environ 85% des marchés dans la reconstruction du Koweït, ne laissant à leurs alliés que des miettes à se partager.

Si la "reconstruction" de l'Irak va être prétexte à des affaires juteuses pour les entreprises américaines, et plus spécialement celles proches du Parti Républicain et de George Bush, elle ne profitera en rien au peuple irakien. L'objectif essentiel de la reconstruction n'est nullement de remettre sur pied les habitations, les écoles, les hôpitaux, les réseaux d'assainissement de l'eau, etc., tout ce qui est utile à la population et qui a été détruit par cette guerre. Il est surtout de remettre en état les ports, les oléoducs, les infrastructures indispensables aux entreprises des pays impérialistes pour faire main basse sur le pétrole irakien; pas de reconstruire un pays qu'ils n'ont cessé de dévaster depuis douze ans, avant de le bombarder massivement.

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