Boussac Husseren-Wesserlin (Haut-Rhin) : 230 salariés qui ne veulent pas être jetés à la rue24/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1812.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Boussac Husseren-Wesserlin (Haut-Rhin) : 230 salariés qui ne veulent pas être jetés à la rue

L'usine Boussac est implantée tout au fond de la vallée de Thann, sur le versant alsacien des Vosges. Elle fabrique du tissu, tissage et impression. Le 21 janvier, la direction a annoncé 155 suppressions d'emplois sur deux usines, à Nomexy et à Husseren-Wesserlin. Le 31 mars, la liquidation totale de l'usine de Husseren-Wesserlin a été prononcée, condamnant au chômage les 230 travailleurs restant à l'effectif. Ainsi le groupe Boussac, un empire du textile, cesse toutes ses activités dans la région.

Dans cette vallée "enclavée", à une heure de Mulhouse ou de Belfort, la fermeture de l'usine est ressentie par tous les habitants des villages alentour comme une catastrophe.

Les 230 nouveaux licenciés, rejoints par les 50 licenciés de janvier, réclament une prime de licenciement supplémentaire, "extra-légale", de 15000 euros comme Métaleurop. Pour l'instant, l'État aurait accepté de rajouter 2000 euros par salarié... pour la cellule de reclassement, pas pour les licenciés!

Les Boussac en sont à leur cinquième semaine de lutte. Le journal télévisé régional a bien couvert leurs actions et la télévision nationale a fait un reportage à un journal de 20 heures.

Les trois premières semaines, ils ont occupé l'usine. Ils ont bloqué plusieurs fois la route nationale de la vallée, sont allés dans les sous-préfectures et préfecture du département, ont rendu visite aux députés, sénateurs du coin. Le week-end de Pâques, composé de quatre jours fériés en Alsace, ils ont organisé une braderie des tissus dans le local de vente de l'usine dans le village. Durant les quatre jours, la file d'attente pour entrer dans le "magasin" courait jusque 50 mètres sur la route. À la buvette on entendait des réflexions: "Si je connais Boussac! Ma grand-mère y travaillait déjà!" Les travailleurs en lutte avaient pour objectif de gagner 1000 euros par salarié avec ces quatre jours de "braderie". Car comme le disait un délégué de l'usine, "ce tissu, c'est nous qui l'avons fabriqué. Il est à nous."

Les Boussac se retrouvent les mardis et vendredis pour des actions. Les reclassements, ils n'y croient pas. Et ils n'acceptent pas de quitter l'usine avec 8000 euros de prime de licenciement après vingt ans d'ancienneté ou 15000 euros avec trente ans. Alors, ils continuent.

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