Bordeaux-Mérignac : 91 sans-papiers kurdes occupent une ancienne gendarmerie24/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1812.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Bordeaux-Mérignac : 91 sans-papiers kurdes occupent une ancienne gendarmerie

Depuis plus de trois semaines, à Bordeaux, 91 sans-papiers kurdes de Turquie ont entamé un mouvement pour réclamer le statut de réfugiés politiques.

Ils ont entre 19 et 52 ans. Certains sont en France depuis plusieurs années, d'autres sont arrivés plus récemment. Certains font leur première demande d'asile, d'autres sont toujours en attente d'une réponse ou bien ont épuisé tous les recours, d'autres encore sont sous le coup d'un arrêté de reconduite à la frontière. Tous ont fui le sort que l'État turc fait aux Kurdes et ils demandent un nouvel examen de leur situation, en raison du fait que la guerre en Irak va renforcer la répression dont sont victimes les Kurdes de Turquie.

Après avoir campé pendant seize jours sur des places publiques de Bordeaux, dans des conditions d'hygiène et de sécurité déplorables (pluie, froid, rafles de police, arrestation et expulsion de quatre d'entre eux vers la Turquie) et devant l'attitude intransigeante de la préfecture de la Gironde pour régulariser leur situation et leur accorder des papiers, les sans-papiers kurdes de Bordeaux ont investi le soir du 13 avril une ancienne gendarmerie désaffectée sur la commune de Mérignac. Ils y ont entamé aussitôt une grève de la faim qu'ils poursuivent à plus de 80.

Ce bâtiment appartient au Conseil général de la Gironde, à majorité de gauche. Jugeant qu'il était impossible de laisser les sans-papiers dans la situation où ils se trouvaient, un des vice-présidents du Conseil général, membre du PC, a décidé de soutenir le mouvement et a oeuvré pour que l'eau et l'électricité soient rétablies dans ce local désaffecté. Le préfet, de son côté, semble avoir pris son parti de la situation en déclarant qu'il ne ferait pas intervenir la police dans des locaux appartenant au Conseil général, mais en ajoutant que la préfecture ne servira pas d'intermédiaire avec les services de l'OFPRA (Office de Protection des Rapatriés et Apatrides) susceptibles d'accorder le statut de réfugiés politiques réclamé par les Kurdes.

Quant à la mairie socialiste de Mérignac, si elle a accepté les premiers jours de prêter quelques chaises et quelques tables pour meubler le local, elle a vite changé d'attitude et se refuse désormais à venir en aide aux grévistes de la faim. Au contraire, elle se fait l'écho de prétendues plaintes des riverains, alors que les grévistes et le comité qui les soutient ont bien pris soin de visiter le voisinage, qui leur fait bon accueil.

Nelly Malaty, conseillère municipale Lutte Ouvrière de la commune de Mérignac, a déclaré dans un communiqué: "En leur refusant ces papiers, le gouvernement les maintient dans la précarité, dans la clandestinité et les livre pieds et poings liés à l'exploitation sans frein d'un certain nombre de patrons. En leur refusant ces papiers, le gouvernement les maintient dans la menace permanente d'une expulsion. Ceci est inacceptable!" Et notre camarade a appelé à "soutenir les initiatives de ces 91 travailleurs dans leur lutte pour obtenir des papiers pour pouvoir vivre dignement ici".

Pour le moment, après plus d'une semaine de grève de la faim où ils ont perdu déjà entre cinq et huit kilos, les grévistes préparent leurs dossiers. Ils souhaitent que l'OFPRA vienne à Mérignac pour leur accorder des papiers, comme cela s'était produit pour 27 Kurdes qui avaient fait une semblable grève de la faim pendant 37 jours à Bordeaux au début de l'année.

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