Procès Elf : Des pratiques ordinaires04/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1809.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Procès Elf : Des pratiques ordinaires

Au bout de huit années d'instruction judiciaire, les principaux dirigeants de la société Elf se retrouvent devant la justice dans le box des accusés. Petit à petit les bouches s'ouvrent. Elles avouent ce que tout le monde savait déjà sur la société Elf et ses pratiques, ne serait-ce que parce que celles-ci n'avaient rien de bien neuf ni de bien original.

Ainsi une "caisse noire" alimentée par des détournements de fonds existait-elle bel et bien. Le Floch-Prigent, ancien président de la compagnie pétrolière, évalue son montant à 5millions d'euros. Sirven rigole et estime pour sa part que le chiffre était "très, très, très, très supérieur". Il sait de quoi il parle, lui, le bras gauche de Le Floch, chargé du financement des partis proches de Mitterrand. Un Mitterrand dont on apprend au passage qu'en 1989 il demanda directement à son ami Le Floch un partage plus équitable du gâteau dont la plus grosse part était jusqu'alors servie au RPR.

Une "caisse noire" servait donc à alimenter des partis politiques tant de droite que de gauche. Parce que, c'est Le Floch Prigent qui le dit: "En Afrique, si on entre dans un combat socialistes-gaullistes, on ne sait plus où on va. Un certain nombre d'hommes politiques français étaient capables de déstabiliser Elf. Il fallait que nous les fassions taire ou que nous les ayons avec nous". D'autres fonds arrosaient des ministres, voire des chefs d'État décrits par les accusés comme "<|>certaines autorités africaines amies de la France". Toutes sortes "d'intermédiaires" en bénéficiaient également et bien évidemment au passage les dirigeants de la société Elf n'oubliaient de se récompenser de leur peine. Rien que du banal en somme.

L'ancien directeur de l'audit d'Elf déclare d'ailleurs bien simplement que l'existence de ces fonds et de leur usage était connue du service des douanes comme de ceux de la présidence de la République et, en guise d'explication ou d'excuse, il précise: "Mais il y avait des circuits occultes dans tous les grands groupes (capitalistes) internationaux." La curiosité de la justice n'ira pas jusqu'à lui demander si de tels circuits existent encore et dans quels groupes?

Il en aura fallu du temps pour que soit levé un petit bout du voile, juste un tout petit bout, des pratiques habituelles entre les hauts cadres des grandes entreprises capitalistes publiques ou privées et les politiciens à leur service.

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