Ne les laissons pas faire!04/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1809.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Ne les laissons pas faire!

L'agression impérialiste contre l'Irak ne peut pas occulter la guerre sociale menée en France par le patronat et le gouvernement contre les salariés. Les licenciements collectifs se multiplient dans les grandes entreprises. Le nombre de chômeurs s'accroît de mois en mois. 10% de chômeurs bientôt, un salarié sur dix, sans même parler de ceux, à peu près autant, qui n'ont qu'un emploi précaire mal payé et qui, tout en travaillant, vivent aussi mal que les chômeurs.

Attaque aussi contre les retraites. C'est la retraite des travailleurs du secteur public qui est dans la ligne de mire du gouvernement. Mais ne nous y trompons pas: si le gouvernement actuel parvient à imposer aux travailleurs du service public ce que Balladur avait imposé aux travailleurs du privé, 40 ans de cotisation au lieu de 37 ans et demi, le patronat exigera d'aller au-delà pour tous, jusqu'à 42 ans de cotisation, voire plus. Et le gouvernement fera comme le patronat lui demandera de faire.

L'attaque contre les services publics et leurs travailleurs nous concerne également tous. Lorsque le gouvernement proclame que c'est sur les "dépenses de l'État" qu'il faut faire des économies, ce n'est évidemment pas les aides et les subventions au patronat qu'il va réduire, ni le budget militaire. C'est au budget de la Santé et de l'Éducation nationale qu'il s'en prend. L'insuffisance des crédits et des effectifs crée déjà une situation catastrophique dans les hôpitaux, dans les maternités, dans les écoles des quartiers populaires. Ce sont les travailleurs, les chômeurs, les pauvres ou leurs enfants à qui on impose de payer la facture des subventions et des dégrèvements d'impôts et de cotisations sociales accordés au grand patronat.

Plusieurs confédérations syndicales et la majorité des syndicats du secteur public appelaient pour le 3 avril à une journée de grèves et de manifestations sur les retraites, mais aussi sur "l'emploi, les salaires et la défense du secteur public". Cet appel était plein d'arrière-pensées de la part des dirigeants syndicaux qui, sur la question des retraites, reculent et acceptent par avance la politique gouvernementale. Même les confédérations qui revendiquaient l'annulation des mesures Balladur, le retour aux 37 ans et demi de cotisation pour tous, sur la base des dix meilleures années, sont en train d'abandonner cette revendication au profit des négociations.

Mais sur cette question, il n'y a rien à négocier! Négocier, c'est cautionner le mensonge du gouvernement et du patronat qui osent prétendre que le système actuel des retraites par répartition va droit dans le mur si on n'augmente pas la durée ou le montant des cotisations tout en réduisant le montant des retraites. C'est un mensonge grossier car, avec l'augmentation incessante de la productivité, obtenue par une exploitation croissante des travailleurs, par l'aggravation des cadences et de l'intensité du travail, il y aurait largement de quoi payer des retraites convenables. L'unique objectif de la "réforme" gouvernementale est de voler un peu plus les travailleurs et les retraités pour accroître les profits patronaux.

Malgré les arrière-pensées des dirigeants syndicaux, il fallait cependant que cette manifestation soit la plus massive et la plus large possible. Une seule manifestation ne suffira pas mais une participation nombreuse à celle-ci peut redonner confiance dans la lutte. Il faut montrer au patronat et au gouvernement que, s'ils s'en prennent aux intérêts vitaux des travailleurs, ils n'auront pas seulement affaire à des dirigeants syndicaux prêts à toutes les compromissions, mais à la réaction de l'ensemble des travailleurs.

Réagir aux attaques est une nécessité vitale. Si le ralentissement économique se poursuit, c'est aux travailleurs qu'ils essaieront d'en faire payer le prix en multipliant les licenciements, en abaissant les salaires, en augmentant les prélèvements, comme la CSG. Lorsque les profits étaient au sommet, seuls les actionnaires se sont enrichis. C'est à eux seuls, et pas aux travailleurs, de payer pour les aléas de leur économie.

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