Dans les entreprises

Les travailleurs sous-traitants indiens et grecs en lutte pour le paiement de leurs salaires

Après deux jours et demi de grève et de manifestations (cf. LO nE1807), les quelque 300 travailleurs indiens de la société AVCO, sous-traitante des Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire, ont obtenu ce qu'ils revendiquaient: l'alignement de leurs salaires sur ceux des travailleurs roumains de la même société. En récupérant les sommes que leur patron escamotait de leurs salaires particulièrement bas, les travailleurs indiens ont obtenu un bond de leurs revenus de près de 80%.

Avec un salaire réel qui se situe maintenant au niveau du Smic, ce qui est tout de même la moindre des choses, ils ont donc décidé de reprendre le travail.

Non seulement leur grève est tombée comme un pavé dans la mare de la mise en eau du Queen Mary II, présenté partout comme "le plus beau paquebot du monde", mais en plus leur victoire est nette, évidente et conséquente.

Les 25 travailleurs grecs d'Ippokampos, présents à Saint-Nazaire depuis deux ans comme sous-traitants, qui protestaient depuis plusieurs semaines contre le non-paiement d'une partie de leurs salaires, se sont sentis encouragés par le succès retentissant de la grève des travailleurs indiens. Leur patron leur doit quatre mois de salaires et ne paie plus leur nourriture et leurs logements, les exposant ainsi à des expulsions. Jeudi 20 mars, unanimement, ils ont donc décidé de cesser le travail. Peu nombreux, et craignant que leur lutte passe inaperçue dans une entreprise regroupant 13000 salariés, ils ont contacté la CGT pour faire connaître largement leur mouvement.

Depuis le mardi 25 mars, ils bloquent l'accès principal des Chantiers aux heures de livraison. Ils sont rejoints tous les jours pendant une heure par une trentaine de salariés français d'ITI-CNA, en lutte depuis trois semaines pour des augmentations de salaires.

La lutte des travailleurs grecs, après celle des Indiens, et l'étalage au grand jour des pratiques illégales et désastreuses de certaines entreprises sous-traitantes (orchestrées par Alstom) ont contraint les pouvoirs publics à intervenir. Ils ont réclamé au donneur d'ordres, Alstom-Chantiers de l'Atlantique, "en solidarité avec son sous-traitant" comme la loi le prévoit, le paiement des salaires dus aux travailleurs d'Ippokampos. Et vendredi 28 mars, une subite pression des Chantiers sur le patron d'Ippokampos a eu pour effet l'annonce par celui-ci qu'il avait trouvé de nouveaux capitaux et qu'il s'engageait à payer les salaires dans la semaine.

Les travailleurs ne sont pas prêts à prendre pour argent comptant cette promesse, qui vient après bien d'autres non tenues. Leur grève continue donc jusqu'au versement des sommes dues. Et même s'ils n'ont jusqu'à présent entraîné qu'une petite fraction des travailleurs des Chantiers, tous ces mouvements mettent à mal la politique d'Alstom, qui mise sur les différences d'origines, de langues et de niveaux de vie pour attaquer et diviser la classe ouvrière présente sur le site.

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