Irak : Un faucon perd des plumes04/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1809.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : Un faucon perd des plumes

Richard Perle, connu comme un des partisans acharné de l'entrée en guerre des États-Unis contre l'Irak, a été contraint de démissionner de son poste de directeur du Conseil pour la politique de défense, organe consultatif du Pentagone. Cela fait suite à un article de presse indiquant qu'il utilisait cette position pour faire du trafic d'influence, ce que dans le monde des politiciens on appelle pudiquement un "conflit d'intérêts".

Car Perle est aussi à la tête d'une societé, Trireme Partners LP, dont l'activité touche à la sécurité intérieure et à la défense. Sa situation de conseiller du Pentagone lui a servi pour faire affaire avec des hommes d'affaires saoudiens. Ce "faucon" était d'autant plus partisan de la guerre en Irak qu'il en tirait un intérêt personnel. Mais on lui reproche moins cela que d'avoir aussi été embauché comme intermédiaire auprès du Pentagone pour le compte d'un opérateur de fibre optique en faillite, Global Crossing. Il aurait reçu à ce titre 125000 dollars, avec une promesse de toucher 600000 dollars de plus, à condition d'aider à la revente de cette entreprise à un acquéreur, milliardaire de Hongkong. Une revente sur laquelle d'ailleurs le département de la Défense et la CIA avaient les plus grandes réserves en raison des risques pour la sécurité nationale! On a beau être faucon, on est moins regardant sur la sacro-sainte sécurité nationale dès qu'il y a beaucoup d'argent à la clé.

Perle n'est cependant qu'en demi-disgrâce. Ancien secrétaire à la Défense de Ronald Reagan, il a en fait servi de fusible pour préserver l'actuel secrétaire d'État à la Défense Rumsfeld, qui a déjà pas mal de souci avec une guerre qui ne se déroule pas exactement selon ses prévisions. Rumsfeld a demandé à Perle de rester dans l'organisme dont il vient de perdre la présidence.

Ils sont en effet quelques-uns au sein de la présidence à flirter avec les conflits d'intérêts et le trafic d'influence, ce qui les porte certainement à l'indulgence. Le vice-président Dick Cheney doit sa fortune personnelle à son ancien employeur Halliburton, et c'est justement cette société qui se taille la part du lion dans les contrats dits de "reconstruction de l'Irak". Et il y a aussi le président Bush, dont les liens avec le monde des compagnies pétrolières sont de notoriété publique; des compagnies qui, demain, puiseront peut-être dans les profits du pétrole irakien pour financer la prochaine campagne électorale de Bush...

Partager