Irak : Reconstruction - la peau de l'ours déjà partagée04/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1809.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : Reconstruction - la peau de l'ours déjà partagée

Les contrats de l'après-guerre en Irak sont déjà pratiquement octroyés, pour l'essentiel, aux entreprises américaines.

International Resource Group, dont le siège se trouve à Washington, a obtenu un contrat de 7 millions de dollars pour coordonner l'aide humanitaire et remettre en l'état les infrastructures essentielles.

L'entreprise américaine SSA (Stevedoring Services of America, basée à Seattle) a obtenu la remise en service et la gestion d'Oum Qasr, seul port irakien en eau profonde.

Une filiale du groupe Halliburton a obtenu le marché de l'extinction et de la remise en marche des puits de pétrole. La valeur du contrat n'est pas connue mais l'administration américaine a demandé un budget d'un demi-milliard de dollars pour réparer les installations pétrolières irakiennes.

La même entreprise avait obtenu un contrat identique au Koweït en 1991. Ce n'est pas pour rien qu'Halliburton est le premier groupe mondial de services pétroliers.

Dans les jours qui viennent, d'autres entreprises américaines vont se partager un marché de 900 millions de dollars destinés à reconstruire des ponts, réparer des autoroutes, des aéroports, des bâtiments publics. Au total cette première étape de la reconstruction est évaluée à près de deux milliards de dollars (l'aide humanitaire devant s'y ajouter). Les entreprises américaines gardent la possibilité de faire appel à des sous-traitants, ce qui devrait permettre de récompenser quelques entreprises britanniques.

Cependant la reconstruction ne s'arrête pas là. Il est question aussi d'investir dans le système bancaire irakien, la santé, l'enseignement. Les États-Unis utiliseront 10% de la rallonge budgétaire de Bush à cet effet, soit 7,8 milliards de dollars. Ils puiseront également dans les actifs irakiens gelés par le Trésor américain, soit 1,4 milliard de dollars. Ils comptent aussi sur le Japon et la Grande-Bretagne pour un cofinancement. Selon les évaluations des experts américains, cela devrait représenter un pactole de 20 milliards de dollars rien que pour la première année.

Cette manne excite les convoitises. Mais il est prévisible qu'en cas de nette victoire des États-Unis dans la guerre qu'ils ont engagée, la part qu'ils laisseront aux entrepreneurs européens sera réduite.

Les patrons français voientle marché irakien leur échapper

Il y a, par exemple, un affrontement sur les normes techniques de la téléphonie mobile. Selon que sera adoptée la norme GSM (Europe) ou la norme CDMA (États-Unis), les équipements seront fabriqués en Europe ou aux États-Unis. La presse américaine dénonce ces jours-ci un contrat de 75 millions de dollars qui avait été obtenu par le groupe Alcatel, dans le cadre du programme "pétrole contre nourriture" pour installer un réseau de téléphonie fixe.

Le Medef doit à nouveau réunir ses adhérents pour envisager ce que la reconstruction de l'Irak pourra laisser aux chefs d'entreprise d'ici. Les dirigeants de TotalFinaElf aimeraient, par exemple, préserver leur présence en Irak. Leur (mince) espoir de faire de bonnes affaires serait que les États-Unis abandonnent à l'ONU le contrôle de la reconstruction.

Le gouvernement français, toujours attentif au sort des possédants, n'est pas indifférent aux inquiétudes des patrons français qui voient le marché irakien leur échapper. Le ministre de l'Économie et des Finances, Francis Mer, prépare lui aussi l'après-guerre. Ses services s'activent à mettre au point une "boîte à outils", dixit la presse, qui sera prête pour le jour où la guerre sera terminée. On en tremble déjà outre-Atlantique.

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