Education Nationale, Marseille : Écoles en grève dans les quartiers populaires04/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1809.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

Education Nationale, Marseille : Écoles en grève dans les quartiers populaires

À Marseille, plus de mille grévistes de l'Éducation nationale et des parents d'élèves, sont descendus dans la rue jeudi 27 mars. Lundi 31, soixante-dix-huit écoles primaires (sur plus de trois cents) étaient en grève totale ou partielle et les grévistes décidaient en assemblée générale la poursuite du mouvement, particulièrement des tournées dans les autres établissements pour convaincre leurs collègues de rentrer en lutte. Près de mille enseignants manifestèrent ensuite sur La Canebière et devant la préfecture.

Début mars, des grèves avaient démarré dans des collèges des quartiers populaires du nord et du centre-ville de Marseille. Au collège Henri-Barnier, le personnel se mettait en grève contre la diminution importante du nombre d'heures de cours l'an prochain (1500 sur l'année), alors qu'il est prévu une augmentation du nombre d'élèves. Ils multipliaient les manifestations avec les parents et obtenaient finalement un "gel" des effectifs pour l'an prochain. Au collège Belle-de-Mai, c'est à la suite d'une agression que la grève a commencé, mais là aussi c'est le manque de personnel qui a révolté les enseignants et les non-enseignants de l'établissement qui sont partis à 200 manifester dans le quartier. D'autre collèges ont, à leur tour, rejoint le mouvement.

Mardi 18 mars, plus de 500 personnes, des enseignants mais aussi des conseillers d'orientation et des parents d'élèves se retrouvaient en assemblée générale pour décider de la suite à donner au mouvement.

Les grèves se sont ensuite étendues aux écoles primaires. Les raisons de se mettre en colère ne manquent pas. Dans certains quartiers on refuse des élèves en maternelle faute de place. Au début de cette année, plusieurs dizaines d'enfants du centre-ville ne trouvaient même pas de place en primaire. Des postes d'enseignants spécialisés pour les primo-arrivants sont supprimés, et les élèves se retrouvent à plus de 26 par classe, y compris en ZEP. Les remplacements sont de plus en plus mal assurés. Dans nombre d'autres, les classes, les locaux ou les cours de récréation sont trop exigus ou mal adaptés. Il manque du personnel pour s'occuper d'élèves en difficulté qui auraient besoin de travailler en petits groupes.

Le personnel est d'autant plus révolté que l'on sait que le gouvernement veut supprimer des postes dans l'Éducation nationale d'après les déclarations du ministre, Luc Ferry, qui a déjà décidé la disparition des surveillants et des aide-éducateurs, pourtant indispensables. Un rapport du Conseil d'État, sorti dernièrement, préconise même que l'Education nationale soit détachée de la fonction publique et fonctionne comme une entreprise privée.

Le ras-le-bol est manifeste.

C'est après la journée de grève du 18 mars que le mouvement s'est amplifié. La grève repartait de l'école de La Busserine dans les quartiers nord et de l'école Korsec au centre-ville, toutes deux classées en ZEP. Les grévistes organisèrent des tournées dans les autres établissements. L'accueil fut toujours très chaleureux, la grève gagna du terrain et les tournées s'intensifièrent. Jour après jour, de nouvelles écoles se mettaient en grève, d'autres promettaient de le faire, mais voulaient auparavant informer les parents. Mais partout il y avait le sentiment que ça ne pouvait plus durer. Les menaces de décentralisation, comme la dénonciation du rapport du Conseil d'État levaient les hésitations.

Les différents syndicats ont décidé de soutenir la grève, même si pour le plus important, le SNUIPP (syndicat des instituteurs au sein de la FSU), il s'agirait seulement pour l'instant de "discuter" de la grève reconductible à partir du 3 avril, alors que des écoles sont en grève depuis le 18 mars.

De nombreux grévistes pensent que la journée de grève nationale du 3 avril convaincra d'autres collègues de rejoindre la grève. Ils pensent aussi que le mouvement ne peut gagner que s'il s'étend encore.

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