Au Conseil régional d'Ile-de-France : Non à l'insécurité imposée aux sans-papiers04/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1809.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Au Conseil régional d'Ile-de-France : Non à l'insécurité imposée aux sans-papiers

La violence organisée au plus haut niveau de l'Etat rend insupportable les déclarations autosatisfaites sur les progrès prétendument ralisés et qu'il faudrait poursuivre en matière de sécurité.

Arlette Laguiller est intervenue sur ce point au Conseil régional d'Ile-de-France lors de la session du 27 mars. Dénonçant le sort révoltant qui est imposé aux travailleurs sans papiers et à ceux que les autorités appellent les clandestins, elle a interpellé les deux préfets présents ce jour-là pour intervenir à la séance du Conseil:

Messieurs les Préfets, a-t-elle affirmé, il y a un chapitre de l'insécurité que vous n'avez pas abordé.

Cette insécurité concerne les travailleurs sans papiers, dont la majorité sont des immigrés dits économiques. Pendant des dizaines d'années, les grandes entreprises des mines, de la sidérurgie et de l'automobile sont allées chercher en Pologne et au fin fond des villages d'Afrique du Nord et d'Afrique Noire, des centaines de milliers de travailleurs qui se sont intgrés. En France, il y a un volant constant de 300000 à 500000 travailleurs sans papiers. On dit que ce sont des clandestins! Certes, ils le sont au regard de la loi qui les prive de tout droit. Mais ils ne le sont pas pour les patrons qui les exploitent dans le bâtiment, l'entretien, le ménage, la scurité même, l'agriculture, la confection ou la restauration, dans les PME, mais aussi dans les sous-traitants des grands groupes industriels et dans les services publics.

Les lois que vous êtes chargés de mettre en pratique sont beaucoup trop contraignantes. Prouver dix ans de présence ininterrompue et de travail en France par des papiers officiels et administratifs écarte de la régularisation des travailleurs souvent employés au noir, quelques-uns non payés, aspirant à sortir de l'ombre et à échapper à la peur d'être raflés et expulsés.

Refuser la régularisation de ces travailleurs favorise le développement des mafias. Mafias pour les papiers, pour le travail, pour le logement. Autant de réseaux, sources d'inscurité et de violence, exploitant la misère et l'exclusion de ces familles.

Messieurs les Préfets, les lois doivent être changées pour permettre à ces travailleurs de travailler normalement et de vivre comme des êtres humains et non comme de la chair à exploiter.

Dans notre région, depuis les événements de la basilique de Saint-Denis, en août dernier, des dizaines de milliers de travailleurs clandestins sont sortis au grand jour pour réclamer des droits élémentaires. En réponse, le ministre Sarkozy, après avoir promis d'être plus humain, n'a rien changé: les régularisations se font toujours au compte-gouttes. Au moins deux expulsés ont été contraints et victimes de violence lors des expulsions et sont décédés. Et le gouvernement médiatise aujourdhui des expulsions par charters pour intimider et tenter de briser toute lutte des sans-papiers.

Certains désespérés dans diffrentes villes recourent à la grêve de la faim. Dans le 93, à Saint-Denis, sept d'entre eux ne s'alimentent plus depuis le 28 février. Et deux sont dans un état grave.

Messieurs les Préfets, que comptez-vous faire face à cette inscurité, face à ces drames vécus par des sans-papiers?

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