Raffinerie de Normandie le Havre (Seine-Maritime)26/07/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/07/une1774.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Raffinerie de Normandie le Havre (Seine-Maritime)

Un accident mortel a eu lieu, lundi 15 juillet, à la Raffinerie de Normandie, au Havre, qui appartient à TotalFinaElf. Un ouvrier qui travaillait sur des câbles dans une tranchée a été tué, écrasé par un engin de chantier qui a basculé sur lui alors que son conducteur n'était pas au volant. L'ouvrier était un intérimaire de 36 ans, employé par une société sous-traitante du Bâtiment. Une enquête est en cours, qui doit révéler les circonstances de l'accident. Mais quoi que puisse en dire la direction, elle est responsable, elle qui a pris le risque de faire travailler des milliers d'ouvriers dans des conditions d'insécurité dénoncées à plusieurs reprises, notamment par la CGT.

Comme tous les cinq ans, à la Raffinerie de Normandie, l'été est marqué par les " grands arrêts ". Il s'agit d'arrêter toute une partie des installations, durant plusieurs semaines, afin de procéder à des travaux d'entretien et de modernisation, rendus d'autant plus urgents que bien des unités sont vétustes et tournent à débit maximum depuis des années. Cela veut dire vider les cuves, les tuyaux, les nettoyer, stocker les produits, avant de procéder aux travaux. D'après la direction, cela se fait sous le signe de la sécurité. Pourtant, à voir comment se prépare le travail, il est permis d'en douter.

Déjà, en temps normal, Total emploie énormément d'entreprises sous-traitantes, où les conditions de travail et de salaire sont bien plus mauvaises. Il y a sur le site 1 200 salariés Total et environ autant de travailleurs extérieurs selon les périodes. Durant les grands arrêts, 3 000 travailleurs extérieurs seront présents. Il y a quelques années, des équipes de personnel Total encadraient le travail durant ces interventions. Aujourd hui, ces équipes ayant été réduites, c'est la sécurité qui en pâtit d'autant que les ouvriers, souvent embauchés juste pour la période, en intérim, ne sont pas spécialement formés aux dangers que représente une raffinerie.

Ces ouvriers ont des conditions de travail particulièrement pénibles. Pour nettoyer les cuves, par exemple, il faut entrer par un trou d'homme, y rester des heures enfermé, gratter les parois au milieu des résidus de produits chimiques, avec des risques d'émanation de sulfure d'hydrogène dans et autour des cuves. Ces ouvriers n'ont théoriquement pas le droit d'utiliser les sanitaires de Total, mais les lavabos qui doivent leur être fournis par leur entreprise, ce qui n'est pas toujours le cas. De plus, pour gagner un peu de temps, certaines unités de production restent quand même en marche durant les travaux, ce qui augmente évidemment les risques. Tout récemment, par exemple, à la pomperie-gaz, il y a eu, par deux fois, rupture d'une canalisation de gaz. Et chaque fois, les détecteurs n'ont rien signalé.

Alors, si TotalFinaElf est prête à débourser, comme elle le prévoit, un milliard d'euros d'ici 2006 pour moderniser et agrandir la raffinerie, il est évident que tous les moyens ne sont pas déployés pour assurer la sécurité des travailleurs. Un ouvrier est mort en travaillant, victime de la soif de profit des patrons de TotalFinaElf. C'est scandaleux.

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