Airbus Toulouse : Mort sur l'autel des profits20/06/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/06/une1769.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Airbus Toulouse : Mort sur l'autel des profits

Jeudi 13 juin, un travailleur, délégué CGT au CHS-CT, est mort au travail, sur la chaîne A340 d'Airbus à Toulouse.

Lui et un autre travailleur, arrivé depuis peu sur le poste et dont il assurait donc la formation, sont allés effectuer un travail dans la soute électronique d'un A330. Dans le même temps, un essai de gonflage de l'avion avait lieu pour vérifier l'étanchéité de la cabine. C'est peu de temps après le début de l'essai de gonflage qu'ils ont cherché à joindre l'extérieur, sans doute commençant à ressentir les effets de pression. Ils ont essayé avec un portable, pas de réponse. Ils ont essayé de klaxonner mais, pour qui ne connaît pas la procédure d'utilisation dans ces conditions, c'est impossible. On les avait bel et bien oubliés dans l'avion. Vraisemblablement paniqués, voulant à tout prix s'extraire de l'avion, l'un d'eux a réussi à ouvrir la porte passagers avant gauche. A ce moment-là la force qui devait s'appliquer sur la porte était de l'ordre de 4 tonnes. Elle a été violemment arrachée et projetée à une dizaine de mètres. Lui, a été projeté sur le mur du bâtiment à côté de l'avion, à une vingtaine de mètres. Il est mort sur le coup.

Il ne faut pas chercher très loin pour trouver les véritables causes de cet accident mortel : les cycles de travail sont déjà très courts et sans cesse les temps doivent être diminués. Il faut travailler toujours plus vite et on fait prendre des risques aux ouvriers. D'ailleurs le nombre d'accidents du travail a augmenté ces derniers mois.

Quant à la formation à la sécurité, c'est plus un slogan qu'une réalité.

Bref, défaut criminel d'organisation, de surveillance, consignes insuffisantes et recherche permanente de la rentabilité au détriment des conditions de travail, réduction des coûts sur le dos des ouvriers : la responsabilité de la direction d'Airbus est écrasante et totale.

Ainsi, le bulletin Lutte Ouvrière Airbus paru le 17 juin, demandait :

" Pourquoi à ce poste n'y a-t-il pas une maîtrise attitrée qui organise le travail, qui sache tout ce qui se passe, des essais à effectuer, des problèmes, qui puisse donner ou pas les autorisations pour intervenir ? Pourquoi lui et son jeune collègue ont-ils pu commencer un travail alors qu'un essai de gonflage était prévu ? Il y a plusieurs années, un accident à peu près similaire a coûté la vie à un jeune intérimaire. Les fiches d'intervention, instaurées depuis, ne devaient-elles pas mettre fin à ce type d'accident ? Concernant l'essai en pression, toutes les précautions ont-elles été prises ? Avertisseur sonore ? Vérification de chaque soute, etc., avant le début de l'essai ? Pourquoi tous les compagnons n'ont-ils pas suivi la formation correspondant à cet essai ? Pourquoi ne sont-ils pas systématiquement informés des effets et des risques encourus ? Et puis, cette formation suffit-elle à prévenir le sentiment de panique qui peut s'emparer de chacun dans de telles conditions ? Pourquoi y a-t-il toujours plus d'opérations de rattrapage hors des postes prévus ? La direction doit répondre à toutes ces questions. Ludo est mort, nous voulons savoir la vérité. "

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