Et après ?10/05/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/05/une1763.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Et après ?

Comme il était absolument prévisible, Le Pen n'a pas obtenu, au second tour, plus de voix que celles qu'il avait obtenues, avec son compère Mégret, au premier tour.

Ce qui signifie, tout d'abord, qu'il était évident que Le Pen aurait été très facilement battu avec les seules voix de la droite, qui représentaient, au premier tour, le double des voix de Le Pen. Faire craindre la victoire de Le Pen était de l'intox. Et cela évitait d'avoir à expliquer pourquoi la politique de Jospin lui avait fait perdre deux millions et demi de voix entre 1995 et 2002.

En effet, si le Pen a été présent au deuxième tour, ce n'est pas qu'il s'était renforcé autant qu'on l'a dit, avec à peine deux cent mille voix de plus qu'en 1995.

Cela signifie aussi que les dirigeants de la gauche se sont prostitués pour rien et ont volontairement fait de Chirac le président de loin le mieux élu de la Vème République, celui qui a obtenu le score le plus important, même De Gaulle n'a jamais fait mieux. Et c'est triste que les dirigeants de la gauche aient fait plébisciter un homme de droite tel que Chirac.

Les dirigeants de la gauche viennent ainsi de nous dire, de la pire des façons, que la gauche gouvernementale et la droite gouvernementale se ressemblent beaucoup plus qu'elles ne se différencient.

Les dirigeants de la gauche ont gonflé la baudruche Le Pen en sachant pertinemment que Le Pen n'avait aucune chance, et de très loin, de l'emporter au 2ème tour. Ils ont agité l'épouvantail Le Pen, en faisant croire qu'il pouvait être élu. Ils ont agité le spectre d'une victoire du fascisme qui n'était pourtant, dans la situation présente, qu'un spectre d'opérette même si les idées de Le Pen représentent une telle survivance.

Les dirigeants de la gauche ont réussi aussi à éviter, vis-à-vis des classes populaires, toute explication sur la cause de la désaffection de l'électorat de gauche à leur égard et sur la baisse des voix du Parti Socialiste et l'effondrement de celles du Parti Communiste.

En mentant effrontément sur la réalité de voir Le Pen élu, ils ont voulu apparaître à la pointe du combat populaire en cachant qu'il s'agissait d'un combat sans enjeu. Et, surtout, qu'ils allaient plébisciter un homme qui défendrait, et peut-être mettrait en application, tout ou partie des idées et du programme de Le Pen.

La campagne qu'ils ont menée en faveur de Chirac était aussi honteuse qu'inutile et artificielle, ce qu'ils savaient bien évidemment.

Pour notre part, nous avons refusé de nous aligner sur cette campagne et refusé de nous abaisser à appeler à voter pour Chirac. On nous accuse souvent de défendre toujours le même programme mais nous sommes fiers d'être fermes sur nos idées et de ne pas retourner notre veste à la première occasion venue.

C'est l'idée que nous nous faisons du parti qui manque au monde du travail, d'un parti qui défende les intérêts politiques et sociaux des travailleurs et, donc, qui combatte les idées et les mensonges des défenseurs du capital qu'ils soient de droite ou de gauche. Cela signifie un parti qui, en toute circonstance, dise la vérité.

Chirac, quelle que soit l'hypocrisie avec laquelle on explique qu'il fallait voter pour lui, est un ennemi des travailleurs. Et ceux qui ont appelé les travailleurs à le faire ont trahi le monde du travail, au profit d'un homme qui mènera la politique du grand capital, c'est-à-dire qui appauvrira encore les classes populaires.

Classes populaires dont la gauche abandonne une fois de plus les intérêts. Ce n'est certainement pas comme cela que le PS et le PC retrouveront les quatre millions de voix qu'ils ont perdues entre 1995 et 2002 par leur politique au gouvernement.

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