Leur société

Quand la "mixité sociale" joue contre pauvres et immigrés

La gauche prétend avoir lutté contre les discriminations et les exclusions dans le domaine du logement, en associant dans un quartier des habitants ayant des niveaux de vie différents, ce qu'elle a qualifié de « mixité sociale ».

Elle a même parlé d'imposer à toutes les villes importantes 20 de logements sociaux (comment ? c'est une autre affaire). Ce ne serait que justice. Mais, en l'absence de choix budgétaires donnant la priorité au logement populaire, ces beaux principes de « mixité sociale » sont sans effets quand ils ne se retournent pas contre les pauvres et les immigrés.

L'abandon presque total de la construction de logements sociaux fait qu'ils sont de plus en plus rares. Les plus pauvres, et en particulier les immigrés, se concentrent dans des cités qui se transforment en ghettos. Les travailleurs un peu plus aisés fuient ailleurs. Et souvent un quartier regroupe des immigrés d'un même pays, la solidarité communautaire aidant à surmonter la misère. A Mâcon, par exemple, la cité de La Résidence est peuplée aux tester contre ces provocations.

deux tiers par des familles turques. Les autorités ont élaboré des plans, dans les années 1990, pour éparpiller la population turque et réhabiliter la cité. Mais l'office HLM de la ville rechignait à accueillir des familles turques. Et à peu près rien n'a changé.

La « mixité sociale » s'est même transformée en argument pour refuser des logements en HLM à des immigrés. La loi interdit d'invoquer la nationalité, les origines ethniques, la religion, le nom ou l'apparence physique. On ne peut pas non plus exiger une photo d'identité du futur locataire. Mais les critères sociaux suffisent : s'il y a déjà beaucoup de pauvres dans le quartier, les organismes loueurs peuvent refuser de loger une famille pauvre, parce que cela irait contre la « mixité sociale ». Des cas se sont présentés à Paris et à Marseille, et les tribunaux ont donné raison aux organismes HLM contre les demandeurs de logement.

Le manque de logements populaires est la première cause de l'existence des ghettos. Tant que l'Etat et les collectivités locales n'en construiront pas en suffisance, le droit au logement ne sera qu'une expression vide de sens et la « mixité sociale » une arme contre les pauvres.

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