Les économies, ce n'est pas bon pour la santé !15/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1755.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les économies, ce n'est pas bon pour la santé !

La manifestation nationale de la médecine libérale, médecins généralistes, infirmiers, kinésithérapeutes, dentistes, etc., a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Les manifestants exprimaient ainsi leur refus de l'accord signé en janvier dernier, entre le gouvernement, les responsables des caisses d'assurance-maladie et le syndicat MG-France. Cet accord est jugé insuffisant, qui prévoit entre autres l'augmentation de la consultation de 0,97 euros, alors que les médecins demandent que le tarif de base soit porté à 20 euros (au lieu de 17,54 euros actuellement) pour une consultation et à 30 euros pour la visite à domicile. D'une manière plus générale, les personnels de santé libéraux dénoncent la façon dont ils sont mis en demeure de limiter la progression des dépenses de santé, alors que l'allongement de l'espérance de vie s'accompagne d'un besoin de soins supplémentaires et que la multiplication des hospitalisations à domicile (souvent par manque de places dans les hôpitaux) signifie nécessairement l'augmentation des dépenses médicales.

Il est en effet inadmissible de limiter les prestations de santé, la qualité des soins, les possibilités d'en bénéficier, pour des raisons d'économies de budget. Telle est pourtant la politique poursuivie, après Juppé, par le gouvernement Jospin.

Aujourd'hui, devant le mécontentement, qui ne faiblit pas, des professions hospitalières, le ministre de la Santé Bernard Kouchner se déclare prêt à rencontrer leurs représentants, mais pas à revenir sur l'accord de janvier. Mis à part les promesses qui ne coûtent pas cher, surtout en cette période électorale, il n'est pas question de revenir sur le plan Juppé, qui a introduit la fixation d'une enveloppe financière annuelle des dépenses de l'assurance-maladie. Cette enveloppe est votée par le Parlement, et les médecins sont tenus de ne pas la dépasser et donc de limiter le nombre de consultations et de prescriptions, sous peine de sanctions financières.

L'ensemble de ce dispositif serait prétendument justifié par le déficit de l'assurance-maladie. Mais il ne vient à l'idée d'aucun des gouvernants en place aujourd'hui, ou de ceux qui ambitionnent de les remplacer demain, de faire payer ceux qui contribuent au premier chef à mettre les caisses en difficulté, c'est-à-dire les patrons. Car ce sont bien eux qui ne cessent, depuis des années, de faire pression pour obtenir la diminution de leurs cotisations sociales, quand ils ne les suppriment pas tout simplement en licenciant ou en fermant leurs entreprises.

On le voit : pour que les dépenses de santé correspondent aux besoins de la population et pour qu'une médecine de qualité soit possible, il faudrait que les objectifs médicaux - et non financiers - soient prioritaires. On en est loin.

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