Alcatel, spécialiste de la vente d'usines15/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1755.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Alcatel, spécialiste de la vente d'usines

Dans la lignée des déclarations de Serge Tchuruk, rêvant de " construire une compagnie sans usine ", la direction d'Alcatel Business Systems vient d'annoncer la vente de l'usine de Brest à la société américaine Jabil Circuit, spécialisée dans la sous-traitance électronique.

La plus-value continue à être prélevée sur les salariés de production, mais c'est une autre forme de répartition de cette plus-value qui est à la mode aujourd'hui. Le modèle qui fait rêver les PDG est l'entreprise CISCO, aux Etats-Unis, qui ne possède aucune usine de production, tous les matériels étant fabriqués par des entreprises sous-traitantes. C'est ce modèle qui a le vent en poupe aujourd'hui et qu'ils essaient tous de copier.

Envisagée il y a près d'un an, le bruit de cette vente se faisait de plus en plus sérieux ces dernières semaines. La direction ne cachait pas qu'elle discutait avec plusieurs repreneurs, dont Jabil Circuit et Celestica. C'est pourquoi, l'annonce devant se faire officiellement au comité central d'entreprise de Colombes, le jeudi 12 mars, environ 200 salariés de Brest s'étaient également invités.

Pour justifier cette vente, l'argument principal de la direction est de dire que les salariés sont très compétents, mais que dans les quatre années à venir les charges de travail vont être moins importantes et qu'il faut trouver une entreprise qui saura diversifier les productions. En fait, ce n'est qu'un prétexte, car pourquoi Alcatel ne saurait pas assurer cette diversification ?

Si, dans ce plan de cession, il n'y a pas de licenciements à la clé, les interrogations sur l'avenir sont nombreuses. En effet, rien que pour reprendre des " externalisations " récentes pratiquées par Alcatel, les exemples sont nombreux de situations qui ont mal tourné pour les salariés.

Le PDG en personne est venu essayer de s'expliquer devant les salariés rassemblés devant le centre de Colombes. " C'est pour votre bien que nous faisons cela ", a-t-il répété inlassablement. Mais même si lui y croyait (rappelons qu'il est payé, et bien payé, pour cela), les salariés ne pouvaient admettre cette décision d'" être vendus " comme une marchandise. Le PDG a bien compris cette colère, et a conclu en disant qu'il considérait cette manifestation comme une première journée de travail et d'échange, et qu'il paierait la journée. Il faut croire qu'il a envie que le mauvais coup se passe bien. Sa prime est certainement proportionnelle à la réussite de " ses objectifs ".

Depuis le début de l'année 2002, Alcatel a vendu les usines suivantes :

Alcatel Réseaux d'Entreprise, représentant 2800 salariés en France ainsi que 17 autres entreprises en Europe exerçant le même métier, a été vendue par Alcatel à un fonds financier américain appelé Platinum Equity. Cela représente 6500 salariés en Europe.

Les usines de Cherbourg Tourlaville (360 salariés), Tolède en Espagne (600 salariés) et Gunzenhausen en Allemagne (600 salariés) ont été vendues à un sous-traitant appelé Sanmina-SCI.

L'usine de 700 salariés à Brest est vendue à Jabil Circuit.

Quelques-unes des soutraitances pratiquées à Alcatel

Marine Consulting

En 1998, la société Alcatel Réseaux d'Entreprise, filiale d'Alcatel Business Systems, externalisait une partie des travaux d'installation des centraux téléphoniques à la société Marine Consulting. 627 salariés passaient ainsi d'Alcatel à Marine. Un an plus tard, 140 nouveaux salariés suivaient le même chemin. Marine Consulting vient de déposer son bilan mi-décembre 2001.

Info-Industrie

222 salariés de l'usine Info-Industrie de Gundershoffen près de Strasbourg se retrouvent à la porte sans même un plan social, car l'entreprise est en liquidation judiciaire. Une grande partie d'entre eux étaient des salariés d'Alcatel, avant d'être mis en soutraitance en 1994.

Flextronics

Au premier juillet 2001, Flextronics a repris l'usine Alcatel de Laval produisant des terminaux mobiles. Mais à peine cette décision était-elle prise que les salariés de l'autre entreprise Flextronics de Monceau-les-Luneville se retrouvaient licenciés.

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