Remous autour d'un nouveau quotidien gratuit : Payante ou gratuite, quelle liberté pour la presse?22/02/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/02/une1752.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Remous autour d'un nouveau quotidien gratuit : Payante ou gratuite, quelle liberté pour la presse?

L'apparition d'un quotidien gratuit dénommé Métro, à Paris et à Marseille, suscite bien des hostilités.

La réaction la plus visible est venue de la CGT du Livre ; à Paris comme à Marseille, ses militants ont entravé sa diffusion et détruit des milliers d'exemplaires du nouveau quotidien. Ce syndicat lui reproche d'être passé outre à la réglementation et aux conventions collectives concernant l'impression et la distribution de la presse.

Mais le lancement de Métro a surtout provoqué des réactions hostiles de la quasi-totalité des patrons des grands quotidiens. Certains l'accusent de détruire " la relation entre le public et le journal ", d'autres d'être " une contrefaçon ". Et les journalistes ne sont pas en reste. Ainsi dans Libération du 19 février, l'un d'entre eux estime que " ce qui pose question, c'est le mode de financement entièrement basé sur la publicité et les petites annonces (...). Cette unique source de recettes peut peser sur le traitement (ou le non-traitement) de certaines informations ".

Certes, l'information n'est pas la préoccupation première de l'éditeur suédois Métro International, déjà implanté dans quatorze pays et une vingtaine de grandes villes. Dans un encart se voulant rassurant pour la presse payante, il reconnaît d'ailleurs ne vouloir faire qu'" un bref résumé, rafraîchissant et neutre de l'actualité des 24 dernières heures ".

Et s'il est certain que les annonceurs risquent de peser sur son contenu, il faut une certaine dose d'hypocrisie pour laisser entendre qu'il en va autrement dans la grande presse payante. Les pages de publicité occupent une part croissante dans les quotidiens, et plus encore dans les magazines. Et sans parler des articles commandés pour assurer la promotion des produits de tel ou tel groupe, les journalistes savent très bien retenir leur plume pour ne pas froisser leurs annonceurs. Pas plus qu'ils ne veulent provoquer la colère de leurs actionnaires par des informations qui les mettraient en cause. Car il y a bien longtemps que derrière la liberté de la presse se cache surtout le droit pour de grands groupes financiers et industriels de posséder et de contrôler les médias.

C'est ainsi que le groupe Macha-Hachette de Jean-Luc Lagardère possède, outre Europe 1, Le Journal du Dimanche, Nice-Matin, Paris-Match, L'Evénement, sans parler de ses participations dans la presse régionale. Il a même récemment fait son entrée dans le capital de L'Humanité. Si Le Parisien est pour sa part sous la coupe de la famille Amaury, Le Figaro et bon nombre de quotidiens régionaux sont contrôlés par le groupe Hersant. Quant à Libération, il est depuis longtemps lié à Jérôme Seydoux, PDG de Pathé et lié à la richissime famille Schlumberger.

En fait, ce qui gêne tout ce beau monde, ce n'est pas tant qu'un groupe de presse, poussant à l'extrême la logique du système, mette sur le marché un quotidien gratuit et que d'autres s'apprêtent à le suivre, c'est le fait que ces concurrents risquent de capter une part non négligeable de leurs recettes publicitaires. Alors, autour de cette mangeoire, tous les coups sont permis.

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