Les comptes truqués d'Alcatel...22/02/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/02/une1752.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Les comptes truqués d'Alcatel...

L'ancien PDG d'Alcatel, Pierre Suard, qui eut son heure de célébrité d'une part parce qu'il était l'un des patrons les mieux payés de France, et d'autre part parce qu'il avait été poursuivi pour abus de biens sociaux, avoue lui-même que dans les comptes des grandes entreprises, rien n'est plus facile que de transformer des bénéfices en pertes. C'est ce qu'il affirme dans le livre qu'il a écrit pour se justifier.

En 1995, Suard dut quitter en catastrophe la direction d'Alcatel. La justice l'avait condamné pour avoir fait payer par la société des travaux effectués à son domicile. Il était également impliqué dans une affaire de surfacturation de matériel vendu à FranceTélécom.

Serge Tchuruk succéda à Suard, et c'est sous sa direction que furent établis les comptes de cette année 1995. Ils firent apparaître une perte de 25 milliards de francs. Selon Suard, le véritable résultat était un bénéfice de 2 à 3 milliards. Entre les deux chiffres, il y a quelques artifices comptables qui ont permis à Tchuruk de charger la barque de son prédécesseur. 13, 4 milliards de francs furent provisionnés d'un coup pour des restructurations qui devaient s'effectuer jusqu'en 1998. Enfin, 13,5 autres milliards passèrent directement dans la colonne des pertes sous prétexte que des sociétés acquises les années précédentes auraient été surpayées !

Les résultats des premières années Tchuruk firent par contre état d'un bénéfice de 6 milliards en moyenne, au grand dépit de Pierre Suard qui estime qu'ils cachaient en réalité une perte annuelle de 6 milliards de francs.

C'est donc en expert qu'il parle : les comptes publiés par les grandes sociétés sont totalement opaques, et ceux qui les établissent leur font dire ce qu'ils veulent. Si ce n'était que pour se faire des crocs-en-jambe entre PDG, ce déballage n'aurait aucune importance. Mais quand il s'agit de faire accepter aux travailleurs des licenciements ou des fermetures d'usine, cela en a. Les sociétés dont les patrons mettent en avant la mauvaise santé ne sont bien souvent que des malades imaginaires.

Pertes ou bénéfices ? Le contrôle direct des travailleurs et l'ouverture des livres de compte pourrait permettre de savoir ce qu'il en est réellement.

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