Leur société

Les 35 heures créatrices... d'emplois ou de profits ?

Dans une étude qu'il vient de rendre publique, le ministère de l'Emploi et de la Solidarité affirme qu'entre juin 1998, date du vote de la première loi Aubry, et fin 2000, la réduction du temps de travail aurait créé 240 000 emplois.

En réalité, ces chiffres viennent d'extrapolations faites à partir des " engagements " pris par les chefs d'entreprises, et aussi à partir de comparaisons entre les créations d'emploi ayant eu lieu dans les entreprises passées aux 35 heures et des entreprises " similaires " qui ne l'avaient pas encore fait. Ceci afin théoriquement de ne pas attribuer au passage aux 35 heures des emplois qui auraient été créés " de toute façon ".

Bref, on nage dans l'à-peu-près. D'autre part, l'" étude " en question est muette sur les types d'emplois qui ont ainsi été créés : CDD ou CDI, temps partiel, temps plein - ce qui est loin d'être négligeable pour ceux qui recherchent un emploi. Muette aussi sur le nombre d'emplois qui auraient dû être créés par des entreprises et des administrations qui ont refusé et continuent à refuser de les créer.

Mais peu importe, ces statistiques arrivent à point nommé pour le gouvernement, à quelques mois des élections, pour faire croire qu'il a agi contre le chômage. Mais on est loin du compte ! Il y a encore officiellement plus de deux millions de chômeurs dans le pays et le gouvernement ne fait rien pour empêcher les plans de licenciements massifs à répétition.

La partie de l'étude qui s'adresse aux patrons est beaucoup plus convaincante. Il y est dit que plus de huit accords sur dix incluaient des dispositions relatives à la flexibilité ou à l'annualisation des horaires et qu'en conséquence, les entreprises n'ont pas eu à pâtir du passage aux 35 heures. Au contraire, la productivité horaire a progressé de 4 %. À quoi il faut ajouter les allégements de cotisations sociales et les clauses de modération salariale qui ont fait que, globalement, comme on s'en serait douté, les profits n'ont pas été touchés. Une main-d'oeuvre moins chère, des charges moins importantes, une productivité en hausse, des profits maintenus, voire augmentés, les 35 heures de Jospin sont d'abord un cadeau pour le patronat.

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