Daewoo (Lorraine) : - Le patron réclame un million de francs d'aides supplémentaires par emploi supprimé22/02/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/02/une1752.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Daewoo (Lorraine) : - Le patron réclame un million de francs d'aides supplémentaires par emploi supprimé

Non content d'annoncer la suppression de 120 emplois dans son usine de téléviseurs de Fameck en Moselle, le groupe Daewoo demande 123 millions de francs supplémentaires d'aides publiques sans aucune garantie de maintien de cette usine. Daewoo France qui est virtuellement en dépôt de bilan a déjà reçu 450 millions pour s'installer en Lorraine.

En 1997, en plus des 1 100 emplois que le groupe avait déjà créés entre Longwy et Fameck, Daewoo promettait des centaines d'emplois dans de nouvelles usines, de réfrigérateurs à Verdun et de pâte de verre pour téléviseurs à Thionville.

L'effondrement du groupe, lors de la crise qui a secoué la Corée du Sud, a eu raison de ces promesses. En fait, la comptabilité de Daewoo ressemblait à un château de cartes truquées, qui s'est écroulé. Mais, depuis le début des années 1990, Daewoo avait bien touché 450 millions de francs d'aides publiques au total, dont 300 d'aides directes. C'est le président du Conseil régional, Gérard Longuet, ex-ministre de l'Industrie de Balladur, qui, ayant tissé des liens étroits avec les dirigeants du groupe et les autorités coréennes, avait été l'artisan de l'installation de Daewoo en Lorraine.

Aujourd'hui, même la presse régionale s'interroge : "Où est passé l'argent public ?" titrait Le Républicain Lorrain du 15 février. Citant un ouvrier de Fameck qui affirme "C'est toujours la même chose, ces entreprises elles prennent le fric des aides et puis elles s'en vont. Et nous, on reste là", le journal explique que tous ces millions n'ont pas été versés pour rien puisque les usines Daewoo ont versé bien plus... sous forme de salaires.

Mais Daewoo en redemande. En même temps qu'il annonce la suppression de 120 emplois (sur 280) dans l'usine de Fameck qui fabrique des téléviseurs et était censée marcher bien, Daewoo réclame 18,85 millions d'euros (123,7 millions de francs) de nouvelles aides publiques pour la période 2002-2004, représentant pêle-mêle l'exonération des charges patronales, des taxes professionnelles et foncières, de la TVA à l'import, une subvention à l'investissement, l'annulation des droits de douane... Sans compter de nouvelles lignes de crédits bancaires.

Plus d'un million de francs par emploi supprimé, voilà ce que veut obtenir la direction de l'usine de Fameck pour les deux années à venir sans s'engager aucunement sur le maintien de l'usine. En même temps que les suppressions d'emplois, plusieurs mois de chômage partiel ont été annoncés faisant perdre plusieurs centaines de francs par mois aux ouvriers de Fameck. Une manière de les pousser à la démission...

Face à cela, la droite représentée par Longuet, le président de la Région Lorraine, propose de financer un audit sur les usines Daewoo.Quant au député-maire PS de Fameck, Michel Liebgott, il a rappelé que le rôle des élus locaux était d'"aider ces personnes à retrouver un emploi" et affirmé que "le contrat minimal, c'est au moins de nous dire quelle est la situation exacte des usines".

D'un côté, on donne des sous, de l'autre des paroles de consolation... droite et gauche se répartissent les rôles. Mais ce sont les travailleurs qui restent sur le carreau.

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