Valeo-Amiens : Valeo dévalise les caisses publiques avec la complicité des autorités14/12/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/12/une-1743.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C164%2C225_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Valeo-Amiens : Valeo dévalise les caisses publiques avec la complicité des autorités

Il y a trois ans, la direction de l'entreprise Valeo demandait des subventions publiques pour financer la construction d'un centre technique dans son usine d'Amiens. Il semble tout naturel à ces patrons que les collectivités publiques leur distribuent l'argent des impôts.

Pour recevoir les 15,4 millions de francs de la Région, du Département, de l'agglomération d'Amiens et de l'Europe, l'entreprise a mis en avant la promesse de 130 créations d'emplois sur trois ans. Or, à échéance de cette période, il n'y a que 83 personnes travaillant dans ce centre technique, dont une trentaine de personnes déplacées par la direction du centre de Saint-Ouen, en région parisienne. Et la cinquantaine d'embauchés supplémentaires ne compensent qu'à peine les départs, dans le reste de l'usine, des ouvriers partant en retraite anticipée dans le cadre de la loi sur l'amiante.

En fait les effectifs de l'usine d'Amiens n'ont pas augmenté. Le syndicat CGT dénonce là un abus de biens publics et demande aux responsables des collectivités publiques qu elles exigent la restitution de l'argent. Mais ces responsables font la sourde oreille. Ils sont parfaitement au courant des escroqueries répétées : ainsi, il y a quelques années, ils avaient déjà versé des subventions à l'entreprise d'Amiens pour aider à la création de 80 emplois dans un nouvel atelier en collaboration avec le japonais Seiko. Un atelier qui n'a jamais marché.

Le député-maire d'Amiens, Gilles de Robien, a imaginé une combine pour donner des subventions supplémentaires : la zone très précise où se trouve le nouveau centre technique a été classée en Zone franche (donc exemptée d'impôts).

Au lieu d'embaucher suffisamment, la direction recourt massivement aux intérimaires (une moyenne de 240 par mois). Certains sont dans l'usine depuis 10, voire 14 ans. Mais avec des contrats de travail d'une journée ! Prolongés jusqu'au vendredi pour " surcroît exceptionnel de travail dans l'usine ".

Les plus jeunes d'entre eux, moins bien formés, sont plus exposés aux accidents graves, en net accroissement. Ainsi un jeune de vingt ans a eu récemment la main broyée.

Le syndicat dénonce aussi le danger grave et imminent dans l'usine. Aux ouvriers que les patrons ont empoisonnés à l'amiante en toute connaissance de cause pendant des dizaines d'années, succèdent ceux qui le sont par les poussières de silice et de quartz, tout aussi dangereuses, qui envahissent l'atelier de fonderie.

Les familles des ouvriers décédés de cancers dus à l'amiante viennent de perdre leur procès contre Valeo qui n'aura pas un sou à débourser.

Le patron de Valeo, Ernest-Antoine Seillière, membre de la richissime famille de Wendel, a déclaré avoir empoché l'an dernier 2,5 milliards de francs de bénéfices nets.

Lorsqu'il met sa casquette de président du Medef, le baron Seillière dénonce l'ingérence du gouvernement dans l'économie et la libre entreprise, mais lorsqu'il joue le rôle de patron de Valeo, le même trouve tout naturel de tendre avec insistance son chapeau pour recevoir l'argent de l'Etat.

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