Dans le monde

Brésil : Deux mondes

Attaqué par une bande de pillards, des " rats des eaux " comme on les appelle là-bas, le navigateur de compétition néo-zélandais Peter Blake a été assassiné mercredi 5 décembre en Amazonie. Son voilier était à l'ancre près d'une bourgade, sur l'un des innombrables bras de mer qui constituent l'embouchure de l'Amazone. Le surlendemain, la police a arrêté sept pirates, qui détenaient des cadrans arrachés au voilier, des CD et l'équivalent de 4 200 F en argent brésilien.

Blake et son équipage participaient à une expédition scientifique, ayant pour objectif la défense du milieu écologique amazonien, menacé par toutes sortes de pollutions et d'agressions. Mais ses meurtriers ne s'intéressaient pas à cette défense d'une région qui est la leur. Dans le grand voilier super-équipé de Blake, ils ont vu surtout le monde des riches, auquel on peut prendre quelques montres, un moteur, des CD, des objets négociables contre de l'argent, de la nourriture ou des armes. Quitte pour cela à risquer la mort, ou des années dans une prison brésilienne, ce qui peut être pire.

Des pirates du monde des pauvres ont donc rencontré un humaniste du monde des riches. Les 4 200 F saisis sur eux représentent sept fois le salaire minimum brésilien, dans une région du pays où peu de gens gagnent ce minimum. Des écumeurs de l'embouchure de l'Amazone ont rencontré Sir Peter Blake, anobli par la reine d'Angleterre, " l'un des grands écumeurs d'océans du XXe siècle, avec plus de 500 000 milles parcourus en voilier " (Le Monde).

Mais la gloire mondiale, les exploits sportifs ou l'humanisme écologique ne pèsent pas lourd, dans un monde où existe un énorme fossé entre les pauvres, très pauvres, et ceux qui viennent du monde des riches.

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