Voir : "Paroles de Bibs"30/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1741.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Divers

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Le film Paroles de Bibs a été tourné à Clermont-Ferrand et se présente comme la réponse des ouvriers de Michelin au livre de leur patron Et pourquoi pas ?

En 1998, le patron de l'usine de pneumatiques se présentait comme un humaniste catholique dans un livre qui accumulait les phrases creuses et les contre-vérités. Un livre écrit avec la complicité de deux journalistes appointés pour passer la brosse à reluire, dont Ivan Levaï, qui passe pour être encore proche du Parti socialiste.

La réalisatrice a choisi de donner la parole aux ouvriers de Michelin. Ceux-ci, livre en main, répondent aux affirmations de Michelin. Cela donne un témoignage passionnant sur leurs conditions de travail, leurs salaires, les pressions de l'encadrement, le harcèlement moral au quotidien, leurs colères mais aussi leurs espoirs.

Dans son livre, François Michelin prétend que " c'est étonnant de voir à quel point le pneumatique est, pour beaucoup, quelque chose de rond, noir, sale et qui sent mauvais... Je puis vous assurer que personne dans l'usine n'en a une telle vision ". Dans le film, un ouvrier lui rétorque que " ça pue " et que, malgré la douche, on sent encore l'odeur lorsqu'on rentre chez soi. Michelin, un patron humaniste ? A six mois de grossesse, une ouvrière a eu une altercation avec un chef qui voulait la chronométrer et raconte comment elle a été licenciée après une septicémie provoquée au travail par un fil de fer. Un ouvrier rapporte les réunions où il faut s'entendre dire que " lorsqu'on travaille chez Michelin, il faut laisser sa personnalité au vestiaire ". Le film égrène les remarques et les témoignages des ouvriers et des ouvrières sur l'exploitation quotidienne vécue dans les usines Michelin. Des images évoquent également leur lutte à propos des 35 heures.

Le film vaut d'être vu pour ce qu'il dévoile de la réalité de la condition de la classe ouvrière, aujourd'hui, au moment où certains imbéciles continuent à prétendre qu'elle n'existe plus. Mais ce film n'est distribué que dans une salle à Paris et dans seulement quelques villes de province, au grand dam de la réalisatrice. Celle-ci a expliqué : " Canal+ l'a refusé, le ministre du Travail l'a refusé. Le CNC l'a refusé. La Scam l'a refusé : trop manichéen. Arte l'a refusé : trop militant. L'argument me fait bondir : quand les ouvriers s'expriment, c'est trop militant mais quand les patrons parlent, on appelle cela de l'économie "...

Il faut pourtant s'efforcer de voir ce film qui montre la réalité d'une usine - parmi tant d'autres semblables - et le vrai visage d'un grand patron, fier de l'être, parmi tous les autres.

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