Dans les entreprises

Peugeot Sochaux(25) : Des conditions de travail criminelles, un travailleur meurt broyé

À Peugeot Sochaux, un ouvrier de 27 ans, Rachid Sebbar, est mort vendredi 24 novembre à son travail, dans des conditions atroces. Employé parmi les soixante travailleurs de la société Ecospace, entreprise sous-traitante de Peugeot, spécialisée dans la collecte et le traitement sélectif des déchets, il a été happé et broyé par la machine à compacter les cartons collectés sur le site de Sochaux.

Descendu de son chariot élévateur, il serait allé aider un de ses camarades de travail. C'est alors qu'il intervenait dans l'installation pour débourrer la machine, à l'aide d'une perche, que celle-ci s'est soudainement remise en marche.

Ses camarades présents n'ont pas réussi à le sauver. Le bouton d'arrêt d'urgence, actionné, n'a pas arrêté le cycle de la machine : il était hors service, comme toutes les autres sécurités.

Le jour même, une équipe de dépanneurs était déjà intervenue sur la machine. Depuis une quinzaine de jours pas moins de quatre accidents graves s'étaient produits sur le secteur.

L'émotion parmi les travailleurs d'Ecospace a été énorme et au-delà sur tout le site de Sochaux.

L'entreprise Ecospace, qui se vante " d'être certifié Iso 9002 et de s'appuyer sur la rigueur de son professionnalisme, allié à une expérience confirmée ", n'est pas une inconnue. Elle est même particulièrement réputée pour ses conditions de travail dures, son matériel vétuste et ses salaires très bas.

Déjà par deux fois, sur le site de Sochaux, les travailleurs d'Ecospace avaient dû faire grève pour les salaires et les conditions de travail.

En mars 2001, c'est sur toute la région Bourgogne Franche-Comté que les chauffeurs d'Ecospace avaient bloqué les dépôts pendant quinze jours. La revendication portait sur une augmentation de 1 500 F, les chauffeurs, avec 15 ans d'ancienneté, plafonnaient à 6 300 F et ils s'étaient heurtés à l'intransigeance de la direction.

Si les dirigeants d'Ecospace, filiale de la Lyonnaise des Eaux, savent se montrer durs envers les ouvriers, ils savent aussi mener un train de vie de riches en recevant, par exemple, pendant trois jours, sur le circuit de F1 de Magny-Court, leurs invités pour le trophée Ecospace, partenaire du trophée d'automne.

Après l'accident, les dirigeants d'Ecospace se sont faits discrets, ils n'ont qu'une hâte, c'est que la travail reprenne le plus tôt possible. Quant à la société Peugeot, qui sous-traite le traitement des déchets, elle n'ignorait pourtant rien des conditions dans lesquelles les ouvriers devaient exécuter leur production. Tout ce dont la direction de Sochaux a été capable, c'est de faire intervenir une cellule de soutien psychologique de l'hôpital.

On peut travailler sur le site d'une usine qui produit " la voiture de l'année ", sous la direction " du manager de l'année " et perdre sa vie dans des conditions d'exploitation criminelles.

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