Malgré ses énormes profits PHILIPS licencie30/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1741.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Malgré ses énormes profits PHILIPS licencie

Philips vient d'annoncer la suppression de 440 emplois supplémentaires. Il s'agit cette fois des sites de Caen et de Louviers.

A Caen, les 397 suppressions de postes s'ajoutent aux 222 qui ont eu lieu en décembre dernier, par mutations ou non renouvellement de contrats à durée déterminée (CDD). En tout, cela représente depuis le début de l'année 697 suppressions de postes sur les 1 867 du site. De plus, depuis six mois, l'usine était en chômage partiel avec des roulements d'équipes une semaine sur deux.

A Louviers, dans l'Eure, ce sont 43 personnes sur 468, toutes en production, qui sont visées par le plan social.

Il y avait déjà 1 235 suppressions annoncées dans l'usine du Mans, en juin dernier. C'est une véritable hécatombe d'emplois, à laquelle s'ajoute la fin des contrats d'intérim. Ainsi, au Mans, en décembre 2000, les 900 intérimaires ont été congédiés sans autre forme de procès.

A Caen, où étaient fabriqués des semi-conducteurs, ou au Mans, où étaient fabriqués des téléphones portables, Philips met en avant le recul des ventes. Des commentateurs ont relayé la propagande de Philips prétendant qu'à cause de la récession dans la téléphonie et les semi-conducteurs, les comptes de l'entreprise étaient dans le rouge. Mais ce recul des ventes est tout relatif. Par exemple, les ventes de téléphones portables devraient encore progresser cette année de 3 à 15 % à l'échelle mondiale. C'est bien sûr moins que les taux de croissance vertigineux de 1999, plus 65 %, ou encore de 2000, plus 46 %, mais la vente ne va pas reculer. Comme tous les groupes capitalistes, Philips veut plus de production avec moins de coûts salariaux. Du coup, il ne conserve qu'une partie du personnel, ou bien il " externalise ", revend ses usines avec une partie des ouvriers, ou sous-traite, délocalise vers plus offrant, une zone franche par exemple au Mexique ou en Asie du Sud-Est.

Auparavant ces " zones franches ", franchement profitables, se situaient en France puisque Philips avait touché 240 millions de francs de subventions des collectivités locales et régionales ainsi que de l'Etat sous forme de dégrèvements d'impôts pour l'usine du Mans, soit le salaire de 2000 ouvriers pendant deux ans.

Prétendre que les comptes de Philips sont dans le rouge relève de la plaisanterie. Les bénéfices nets déclarés de ce groupe néerlandais étaient de 39,7 milliards de francs en 2000 ! Le rendement des capitaux investis était de 17,5 % en 1999 et 35,7 % en 2000. Depuis 1994, les dividendes versés aux actionnaires ont chaque année progressé et ont été multipliés par deux. Par contre, le nombre d'employés est passé de 241 000 à 219 000. La part salariale dans le chiffre d'affaires est passée de 29 à 22 %. Lors du récent boom dans l'équipement électronique, les surprofits ont été colossaux, mais les salariés n'en ont pas vu la couleur. Aujourd'hui que le marché ne progresse pas aussi vite, Philips les jette à la rue. Comme le disaient les manifestants de Philips : " Téléphones portables, salariés jetables ".

Il faudrait imposer que Philips rembourse les aides de l'Etat et prendre sur les profits du groupe et sur les biens des actionnaires pour maintenir les emplois et les salaires.

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