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Lire : "L'aboyeuse de Djibouti" de Denis Langlois

Amina, orpheline de guerre fuyant son pays d'origine, la Somalie ravagée par la guerre, arrive à Djibouti. Pour survivre dans un monde féroce et hostile aux plus pauvres, elle s'intègre à une bande de cireurs de chaussures et se déguise en garçon. Ces bandes s'octroient des quartiers, y installent leur " commerce " et essayent de survivre au prix d'une guerre sans merci. Livrés à eux-mêmes, ces enfants sombrent rapidement dans la drogue ou la prostitution et sont souvent en butte au racisme quotidien de la population djiboutienne. L'attitude des militaires français stationnés dans la ville, pourtant territoire indépendant, est dénoncée sans concessions, alors que des associations essayent, sans vraiment beaucoup de moyens, d'aider ces jeunes à sortir de leur situation, sans guère de résultats. Après de multiples péripéties, Amina deviendra " aboyeuse " dans un bus, travail consistant surtout à entasser autant que faire se peut les voyageurs. Elle est la seule fille à faire ce métier et sera en butte aux préjugés d une société traditionnelle, religieuse, qui ne conçoit pas qu'une femme puisse faire ce travail.

Denis Langlois, avocat, connu pour ses prises de positions politiques et ses livres (Les dossiers noirs de la police et de la justice françaises ou L'affaire Seznec), a écrit ici un roman chaleureux, dans lequel il dépeint ces jeunes garçons et filles faméliques qui hantent les rues de Djibouti, qui luttent contre la violence de la société, la violence des adultes, et qui essayent désespérément de survivre. Au travers de la vie d'Amina, il nous fait partager son indignation et sa révolte contre l'injustice faite à ces milliers d'enfants des rues. Touche d'espoir, Amina, à force de persévérance, de courage et d'aides de la part d'adultes, comme ce chauffeur de bus qui l'a employée comme " aboyeuse ", réussira à fuir la misère et la vie sordide des rues de Djibouti.

René CYRILLE

L'aboyeuse de Djibouti, de Denis Langlois, Editions Accoria, 190 pages, 100 francs.

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