Bata Moussey(54) : 526 licenciements... pour quelques % de bénéfices en plus30/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1741.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Bata Moussey(54) : 526 licenciements... pour quelques % de bénéfices en plus

Le tribunal de commerce de Metz a choisi un repreneur pour une petite partie de l'activité chaussure de l'usine Bata de Moussey en Moselle : 268 emplois seraient maintenus alors que nous étions 875 au moment du dépôt de bilan. Depuis, 44 travailleurs, écoeurés ou ayant retrouvé un travail par eux-mêmes, ont pris leur compte. Par ailleurs seraient maintenus, en plus de la production, le dépôt de stockage de chaussures (35 emplois) et l'imprimerie d'étiquettes (2 emplois).

Ce sont donc 526 lettres de licenciements qui vont partir dans le mois qui vient. Une véritable catastrophe dans une usine où la moyenne d'âge est de 42 ans et dans un canton rural où il n'y a aucun autre employeur industriel.

Lundi 26 novembre, jour de l'annonce du tribunal, c'était plutôt l'abattement, même si tout le monde s'attendait à cette décision. Le mardi, les discussions étaient nombreuses dans les ateliers, les travailleurs se posant surtout des questions sur l'avenir, le repreneur et ses projets. De ce côté, les inquiétudes ne font que grandir tant il apparaît que celui-ci, directeur du marketing, ne semble pas des plus sérieux. Beaucoup ne croient pas à l'avenir du plan de reprise.

Comme le disait un ouvrier sur France 3 : " ça va être dur pour ceux qui restent et ça va être dur pour ceux qui partent ". En effet, pour les licenciés, Bata n'a - jusqu'à présent - rien proposé d'autre que le minimum légal. Une misère : moins de 45 000 F pour 30 ans d'ancienneté.

En plus des départs en préretraite, la revendication mise en avant est celle d'une indemnité pour préjudice de 10 000 F par année de présence, avec un minimum de 100 000 F, qui s'ajouterait aux indemnités légales. Beaucoup d'entre nous ayant 20 ou 30 ans d'ancienneté, la revendication représenterait une somme qui permettrait d'aider à voir venir.

C'est en tout cas une somme modeste au regard de l'indemnité de 6 millions de francs promise par le groupe à M. Dupont, PDG de Bata France SA, s'il réussissait à mener à bien la liquidation de l'usine de Moussey.

Ce qui est clair, c'est que le groupe Bata veut payer le moins possible. Et nous n'avons pas d'autre choix que de lui faire peur, à lui et aux pouvoirs publics, pour leur faire desserrer les cordons de la bourse.

Industrie de la chaussure : le mensonge des pertes

Pas rentables les usines de chaussures ? Voire ! Même si c'est le prétexte tout trouvé pour justifier licenciements et fermetures d'usines.

Bata affichait ainsi 42,1 millions de pertes. Mais Bata France SA (qui regroupe magasins et usines) a fait l'an dernier 8,4 millions de bénéfices. Sans oublier une provision de 250 millions pour liquider l'usine de Moussey... Et, au niveau mondial, le groupe Bata ne publie rien de ses bénéfices. Non coté en Bourse, il appartient à une seule famille, du même nom, originaire de Tchécoslovaquie et installée à Toronto au Canada. Mais, selon les estimations, les profits se chiffreraient par milliards.

Un autre groupe de la chaussure, Méphisto, basé à Sarrebourg en Moselle, tait aussi ses bénéfices. Le propriétaire, Michaéli, se félicitait, dans l'Est républicain du 26 novembre, d'une hausse de 15 % du chiffre d'affaires. Les bénéfices ? Il refuse obstinément de les communiquer... à se demander s'il n'aurait pas honte d'en réaliser autant vu la faiblesse des salaires dans la chaussure.

Enfin, le groupe André (qui aujourd'hui s'appelle Vivarte) vient quant à lui de publier un bénéfice de 314 millions de francs. Il y a quelques années, c'était sous prétexte de pertes qu'il avait fermé plusieurs usines en Lorraine. Il reste deux usines André en Lorraine, qui seraient toujours en perte, mais le président du directoire d'André affirmait - toujours dans l'Est républicain - que ces pertes " ne le gênent pas trop car le groupe réalise des gains sur le délai de livraison ". Comme quoi des pertes peuvent se transformer en bénéfices !

Avec la production de chaussures que les patrons prétendent parfois non rentable, ceux- ci ont bâti des fortunes. Il faut taper dedans pour éviter les licenciements.

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