Afghanistan : Le visage sans fard de la barbarie impérialiste30/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1741.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afghanistan : Le visage sans fard de la barbarie impérialiste

A en croire le témoignage (cité par Le Monde) d'un correspondant de Time Magazine, hebdomadaire américain peu suspect de sympathies à l'égard des talibans, trois à quatre cents talibans étrangers, emprisonnés au fort de Qal-e-Jhangi, près de Mazar-e-Charif, auraient été massacrés les 25 et 26 novembre.

Ces prisonniers originaires du Pakistan, du Golfe, d'Indonésie, voire de Grande-Bretagne, se seraient " rendus volontairement " au cours de la bataille de Kunduz. Une fois désarmés et enfermés dans ce fort, ils se seraient rebellés contre leurs geôliers de l'Alliance du Nord et auraient réussi à leur prendre leurs armes.

On voit bien pourquoi ces prisonniers auraient pu choisir de se soulever, à un moment où des journalistes étrangers visitaient leur prison. Au moins pouvaient-ils espérer attirer l'attention sur leur existence et éviter d'être liquidés " discrètement " comme tant d'autres dont les corps ont été dûment recensés et étiquetés par la Croix-Rouge mais... trop tard. Les récits atroces qui commencent à filtrer de prisonniers grillés vifs dans des containers où on les avait enfermés peuvent même expliquer pourquoi les mutins ont pu choisir de se soulever tout en sachant que nombre d'entre eux y laisseraient leur peau.

En revanche, on voit mal comment une prison partiellement contrôlée par des mutins dépourvus d'armement lourd pouvait, comme l'a prétendu le commandement américain, " mettre en danger la base stratégique de Mazar-e-Charif ". Mais les responsables américains n'ont pas fait de quartier. Le correspondant de Time Magazine cité par Le Monde, rapportait neuf raids aériens contre la prison pour la seule journée du 25 novembre, et les bombardements se sont poursuivis le lendemain.

Les dirigeants américains pouvaient bien mentir comme des cochons en prétendant tout au long des bombardements que les images de villages et de quartiers résidentiels dévastés montrées par la chaîne de télévision du Golfe Al-Jazira n'étaient que de la propagande pro-talibans (tout en prenant quand même la précaution de lancer des missiles sur le studio de la chaîne à Kaboul). Mais cette fois-ci, leur acharnement sanguinaire et leur volonté de noyer toute opposition dans un bain de sang ne peuvent guère être niés. Et le fait de prétendre, comme ils ne manqueront sans doute pas de le faire, qu'il ne s'agissait après tout que de membres du réseau de Ben Laden ne change rien à l'affaire.

Surtout il ne faudra pas s'étonner si des massacres de toute évidence délibérés comme celui de Qal-e-Jhangi amènent demain de nouvelles recrues à Ben Laden ou à d'autres intégristes de son genre.

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