SNCF - Juvisy(91) Ligne C : Pas de pause pour l'action16/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1739.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF - Juvisy(91) Ligne C : Pas de pause pour l'action

Bien que, lors des grèves de ce printemps, la direction de la SNCF ait décrété une pause pour son projet Cap-client, elle tente néanmoins de le faire passer, sous couvert de nombreuses restructurations. Ce projet vise à organiser les cheminots par activités (Ventes grandes lignes, Banlieue parisienne, Infrastructures, Fret, etc.). Dans les gares ce peut être aussi la mise en place d'équipes ciblées "grandes lignes" ou "banlieue", voire spécialisées par produit (Cartes intégrales, Voyages en groupes, Internationaux...). Il s'agirait d'introduire les techniques de gestion du commerce et de l'industrie, mais aussi et surtout d'introduire des divisions entre cheminots, selon les activités, puis de petites équipes de production. La crainte générale est bel et bien là, du cloisonnement dans des tâches limitées, de la dégradation voire de l'abandon du service public, du risque de privatisation.

Mais les choses ne se passent pas aussi bien que prévu pour la direction. Ses projets convainquent peu de monde pour l'instant. En banlieue parisienne, la tradition veut que tous les guichets vendent tous types de billets. Depuis quelque temps, la SNCF s'est mise à séparer davantage les guichets grandes lignes, à tenter de concentrer cette vente dans des bureaux spécialisés, des boutiques en ville, de la télévente. A présent, elle voudrait structurer les vendeurs par équipes spécialisées.

A Juvisy et Brétigny (Essonne), la tentative de création d'une équipe Grandes lignes a suscité l'inquiétude, puis le rejet. Crainte de l'appauvrissement des tâches, crainte de devoir faire des choix d'activité au lieu de vendre de tout, crainte d'être séparés les uns des autres alors que l'on circule beaucoup actuellement d'un poste à l'autre. Bref, les syndicats ont déposé un préavis de grève reconductible contre cette mise en oeuvre au début novembre 2001. Et la grève a démarré massivement le 5 novembre, la grande majorité des gares étaient fermées à la vente !

L'assemblée générale a été très nombreuse et une nouvelle génération de jeunes embauchés a connu sa première grève. Les grévistes ont rencontré - une première aussi ! -, le patron, qui a justifié son projet par la nécessité de "professionnaliser les métiers et d'augmenter le chiffre d'affaires". Ce qui a augmenté la colère. Un tract élaboré et distribué par les grévistes a permis de discuter avec les usagers et de faire davantage pression sur la SNCF qui ne les a évidemment jamais consultés sur ces projets. Or un client, dans certains cas, devra faire un long parcours pour acheter des billets grandes lignes. Dans la grève, les revendications se sont affinées : maintenir la formation et de la vente grandes lignes dans tous les guichets, permettre les remplacements dans cette équipe par les mêmes vendeurs que les guichets banlieue, réorganisation de certains guichets, entre autres. Ce n'était plus le rejet pur et simple, mais l'envie de combattre ces projets à une autre échelle.

Après une montée des grévistes à la Région Montparnasse et trois jours d'une grève toujours aussi forte, la direction a repoussé son projet au 1er janvier, accepté les revendications mises en avant et concédé des revalorisations de postes.

Ces quelques jours de grève ont été un avertissement pour la SNCF, qui voudrait nous déplacer "comme des pions", disaient certains grévistes, et particulièrement les jeunes. Ceux-là en tout cas ont fait une première expérience qui leur montre que la grève est le moyen de se faire entendre.

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