Magneti-Marelli Amiens : Fiat a reculé... mais pas assez !16/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1739.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Magneti-Marelli Amiens : Fiat a reculé... mais pas assez !

La direction du groupe Magneti-Marelli, filiale de Fiat, qui ferme son usine d'Amiens avait d'abord prévu un plan dit "social" a minima. La situation a évolué après que plus de 400 travailleuses d'Amiens se sont rassemblées, à Nanterre, au siège social, en région parisienne. La fumée de quelques palettes et caisses de tableaux de bord automobiles et la déclaration théâtrale du responsable de Magneti, "On est en train d'incendier les bâtiments", ont accéléré l'annonce de la décision directoriale.

En plus des indemnités légales, la direction accordait, le soir même, 150 000 F pour tous les licenciés (quelques centaines), plus 5 000 F par année d'ancienneté.

Cela représente 300 000 F pour 30 ans d'ancienneté.

Cela prouve que l'entreprise, soi-disant obligée de fermer pour raison de difficultés financières, a en réalité l'argent dont elle ne cède que quelques miettes. De quoi nous donner le goût des voyages, en région parisienne en tout cas.

Au soulagement de ne pas être jetés à la rue sans un sou a succédé le sentiment que c'est peu cher payé pour avoir trimé en production pendant 25 à 30 ans en moyenne, avec des cadences sans cesse croissantes et une santé usée : arthrose, inhalations dangereuses en sérigraphie, usure nerveuse, etc. (Au fait, qu'en sera-t-il de la prise en charge de ces maladies professionnelles non reconnues qui peuvent empirer après que nous avons quitté l'usine ?)

Durant les négociations, de nombreux salariés avançaient le chiffre de 15 000 F par année d'ancienneté. La direction a été trop heureuse de se saisir de la proposition de 5 000 F d'un des responsables syndicaux CFDT et de s'en tirer ainsi à bon compte. Mais, dès vendredi, des affichettes réclamant "plus d'argent" décoraient certains ateliers.

Car si on entre dans le détail, cela ne fait pas le compte : la cinquantaine de préretraités (à 52 ans) ne touchera qu'environ 6 000 F par mois et pas d'indemnité de licenciement. Les licenciés auront, eux, droit au maximum à 45 mois de chômage payés 57,4 % de leur salaire (non dégressif à condition qu'ils entrent dans le cadre du Pare). Ainsi, une ouvrière de 47 ans (moyenne d'âge dans l'entreprise) ayant travaillé 20 ans dans l'usine, aura droit à environ 30 mois de cette maigre pension de chômage (période durant laquelle elle devra, pour compléter, entamer une prime de licenciement déjà amputée par les impôts). Ensuite, vu la situation de l'emploi dans la Somme (9 000 offres d'emplois pour 20 000 demandes sur l'année écoulée), cette ouvrière risque de devoir épuiser en deux ou trois ans le reste de sa prime, avant de se retrouver avec seulement le RMI.

Des profits, Fiat en fait. Les carnets de commandes du secteur automobile sont pleins. Ces dix dernières années, les actionnaires ont doublé, triplé leurs fortunes. Ils peuvent donc largement augmenter les primes de licenciement.

Un nouveau voyage au siège social est prévu pour le 4 décembre. La fumée de quelques palettes et la simple crainte d'un véritable coup de colère des travailleurs ont déjà conduit les patrons à faire un premier pas dans la bonne direction. De quoi avoir envie de leur donner de bonnes sueurs froides prochainement !

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