Les ouvriers chinois dans les griffes du capital16/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1739.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans le monde

Les ouvriers chinois dans les griffes du capital

Le numéro de novembre d'Alternatives économiques consacre un dossier à l'industrie mondiale du jouet, on y trouve un aperçu des conditions extrêmes d'exploitation que les grandes entreprises capitalistes du monde entier imposent aux travailleurs chinois des zones franches. Une exploitation que l'entrée de la Chine dans l'OMC ne peut que renforcer.

Le Hong Kong Christian Industrial Committee (HKCIC), un syndicat d'obédience chrétienne, a dénoncé les conditions de travail de l'usine City Toy, située dans la zone franche de Shenzhen, où des travailleurs chinois fabriquent des jouets. On y fabrique notamment les petites figurines remises en cadeau dans les restaurants McDonald's. Selon ce syndicat, les ouvrières qui y sont employées sont payées l'équivalent de 20 francs pour une journée de travail qui dure seize heures dans le meilleur des cas, mais parfois vingt heures quand il y a de la presse à cause d'une commande urgente.

La dénonciation de cette exploitation féroce a eu pour seule conséquence que McDonald's a changé de fournisseur. On ne sait pas lequel il a choisi, mais une chose est sûre, il ne le paye pas plus puisque les salaires dans cette zone franche sont partout identiques.

Une autre dénonciation du même genre, dirigée cette fois contre Hasbro, l'un des deux plus grands fabricants de jouets du monde (l'autre est Mattel, et les deux sont nord-américains), visait l'usine chinoise de Dor Lok qui fabrique des poupées pour le même groupe, là encore au rythme de seize heures par jour, sept jours sur sept. On y emploie couramment des mineurs de moins de 16 ans comme c'était le cas chez City Toy. Cette pratique ayant été dénoncée, cette entreprise s'est contentée de les licencier... vraisemblablement pour en réembaucher d'autres à la première occasion.

Généralement, des dortoirs crasseux sont installés à côté de ces entreprises appelées sweatshops, littéralement "usines à suer", de façon qu'ouvriers et ouvrières puissent être exploités le plus longtemps possible. Conformément à une pratique qui était autrefois celle des magasins des compagnies minières, le loyer du dortoir et la nourriture, d'un prix exorbitant par comparaison à la maigreur du salaire, sont prélevés directement sur les feuilles de paie.

Les conditions de travail et de sécurité ne sont évidemment pas respectées. Une organisation non gouvernementale a visité récemment des usines de Nan Hai (Guangdong), qui appartiennent à des sous-traitants de Hasbro et Wal-Mart. La température des ateliers variait entre 33 et 38°, faute de ventilation, y compris dans les ateliers de peinture ou d'assemblage. Il n'y avait aucun suivi médical. Des intoxications au benzène ont été signalées dans une usine de jouets de Zhurai.

Il s'y pratique le même système d'amendes qu'il y a un siècle. Dans une usine travaillant pour le groupe Disney, il existe un barème pour toutes les "fautes" commises par les travailleurs. Mickey est un père fouettard puisqu'il est interdit de fumer (42 francs), de parler (26 francs) et d'aller aux toilettes sans autorisation (4,20 F). Voilà ce qui se cache derrière les grilles d'usine surveillées, où les visiteurs sont interdits, les portes verrouillées pendant les heures de travail et bien sûr les ouvriers fouillés à la sortie. Cette répression n'empêche pas les risques d'incendie comme en a connu la Zhili Toy Factory à Shenzhen (87 morts et 47 blessés).

Et, bien entendu, les dirigeants de ces usines font la chasse aux militants syndicalistes, qui sont renvoyés s'ils sont découverts. Et les gardiens ne se privent pas à l'occasion de battre à coups de matraque les ouvriers.

Ces conditions de travail ne sont pas propres aux entreprises chinoises des zones franches et ne se limitent pas à l'industrie du jouet, on les retrouve dans de nombreux pays d'Asie comme l'Indonésie, la Thaïlande, les Philippines, etc., ainsi que sur d'autres continents. Elles montrent en tout cas le vrai visage de ce monde capitaliste et de la "civilisation" qu'il promet.

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