Jospin-guigou soignent les cliniques privées avec l'argent de la sécu16/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1739.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Jospin-guigou soignent les cliniques privées avec l'argent de la sécu

Éditorial des bulletins d'entreprise

du 12 novembre 2001

Il a suffi que les patrons des cliniques privées entament une grève prétendument illimitée pour que le gouvernement, en la personne de sa ministre du Travail Elisabeth Guigou, se précipite pour les recevoir et pour leur accorder 1,7 milliard de rallonge, venant s'ajouter au 1,4 milliard de subventions que l'État a déjà promis. En 48 heures, l'opération était donc bouclée, et les patrons se déclaraient satisfaits. Ils auraient tort de se plaindre de ce gouvernement qui a cédé avec célérité à un chantage éhonté. Ces messieurs ne sont pas les derniers à crier au scandale lorsque des travailleurs agissent pour défendre leur emploi, leur gagne-pain, et à joindre leurs voix à ceux qui accusent les travailleurs qui font grève de prendre les usagers ou les autres salariés en otages.

A cette hypocrisie s'en est ajoutée une autre. Ils ont osé prétendre que leur action avait pour objectif de leur permettre d'augmenter les salaires des infirmières et du personnel de leurs cliniques, dont les salaires étaient nettement inférieurs à ceux du secteur public. Il n'a pas fallu attendre longtemps, après la signature de la promesse, pour apprendre que, sur les trois milliards au total que les propriétaires de cliniques privées vont toucher, 600 millions, soit le cinquième de la somme, sont destinés à un "fonds de modernisation des cliniques privées", donc non pas à augmenter les salaires des infirmières mais à améliorer la valeur de leurs cliniques.

Quant au personnel des cliniques, rien ne dit qu'il sera augmenté en proportion de la subvention gouvernementale - sauf peut-être les médecins, qui sont bien souvent aussi actionnaires de ces cliniques, et qui sont déjà rémunérés plus que leurs collègues du public. Car le gouvernement s'est bien gardé d'exiger le moindre contrôle sur l'utilisation des sommes qu'il va distribuer. Comme à chaque fois d'ailleurs !

Pourquoi, pour augmenter les infirmières et le petit personnel des cliniques, ne prendrait-on pas sur les revenus des médecins, sur les profits des actionnaires de ces cliniques, dont certaines appartiennent à des sociétés cotées en bourse, dont une filiale de Vivendi ?

On nous répète que la Sécu a bien du mal à boucler ses comptes, en grande partie parce que la part patronale a été réduite. On en prend prétexte pour rogner sur les remboursements des soins, réduisant les moyens pour les plus démunis de se soigner. On ferme des hôpitaux et des maternités de proximité. C'est qu'en fait la Sécurité sociale est utilisée moins pour la santé des cotisants que comme vache à lait au service des cliniques privées.

Pourquoi faudrait-il donc que l'argent public, l'argent des travailleurs, serve à enrichir certains médecins qui, après avoir été formés dans les hôpitaux publics, opèrent dans des cliniques privées ?

Cet argent serait bien plus utile s'il servait au fonctionnement des hôpitaux publics, en augmentant leur capacité d'accueil au lieu de la réduire, en faisant les investissements dans les équipements qui autorisent la meilleure qualité des soins possible. Car la santé devrait être un service public, au service de tous, et pas un moyen pour quelques-uns de s'enrichir !

Les choix du gouvernement sont à l'opposé. Et ils sont révélateurs.

Quand une catégorie professionnelle, aujourd'hui les directeurs et les propriétaires de cliniques, hier les patrons des transports routiers, fait semblant de crier misère, le gouvernement fait diligence et cède à leurs exigences. Mais il ne manifeste pas la même complaisance lorsqu'il s'agit des travailleurs ou des chômeurs. Quand ces derniers manifestaient pour réclamer le relèvement des minima sociaux, c'était porte close. Jospin les accusait même de vouloir "casser la croissance". Quand les travailleurs de Moulinex, ou ceux de l'Alstom, de Philips, entre autres, réclament le maintien de leur emploi, c'est-à-dire le droit à leur salaire sans lequel ils ne peuvent vivre, ils se heurtent eux aussi à des fins de non-recevoir.

S'il fallait une preuve que le gouvernement des Jospin, Guigou, Fabius est au service des riches, son attitude récente à l'égard des propriétaires et des actionnaires des cliniques privées en est une. Une de plus !

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