Algérie : Une catastrophe amplifiée par la désorganisation16/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1739.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans le monde

Algérie : Une catastrophe amplifiée par la désorganisation

sociale

Les pluies torrentielles qui se sont abattues sur le nord de l'Algérie, les 9 et 10 novembre, ont fait au moins 600 morts et 4 000 sans-abri. Et ce triste bilan n'a pas fini de s'alourdir vu que plus d'un millier de personnes sont portées disparues. Alger, la capitale, et plus particulièrement les quartiers populaires de Bab-el-Oued et Frais-Vallon, ont été les plus touchés.

Les conséquences humaines de cette catastrophe n'ont rien de naturel. Bien des Algériens l'ont souligné en dénonçant l'incurie des autorités et en prenant à partie les rares responsables qui se sont déplacés dans les zones sinistrées.

Si la topographie de la ville, construite à flanc de colline, augmente les risques en cas de très fortes pluies, ces risques ont été aggravés par une urbanisation anarchique et un manque d'entretien des réseaux d'assainissement, se traduisant notamment par des égouts bouchés ainsi que des routes et des constructions occupant les lits des rivières.

Quant aux autorités, elles se sont montrées aussi peu soucieuses de relayer l'alerte donnée par les services de la météo que de gérer après coup les conséquences de cette catastrophe. Dans les quartiers sinistrés, la population n'a dû compter que sur elle-même, les jeunes tentant avec les moyens du bord de dégager les victimes des amas de boue, d'arbres et des carcasses de véhicules.

Si la responsabilité des autorités, plus soucieuses de s'enrichir en pillant les caisses de l'Etat et de soigner leur clientélisme que d'améliorer le sort des plus démunis, est manifeste, elle s'ajoute à d'autres fléaux qui ont maintenu ce pays, pourtant riche de ressources naturelles, en état de sous-développement. A commencer par les cent trente années de domination coloniale par l'impérialisme français et les huit années de guerre pour empêcher la population algérienne d'accéder à l'indépendance.

Devenu indépendant, le pays n'a pas pour autant échappé à l'emprise de l'impérialisme envers les pays sous-développés. Plus récemment, en 1994 et 1995, les plans de réaménagement de la dette publique imposés par les instances internationales l'ont enfoncé encore un peu plus dans la misère. La suppression du système de subventions pour les denrées de première nécessité, la réduction des dépenses sociales, les licenciements dans les entreprises publiques, ont conduit à un recul considérable du niveau de vie d'une grande partie de la population, tandis que le chômage atteignait 35 % de la population et bien plus chez les jeunes. Résultat, aujourd'hui, plus de 40 % de la population doit essayer de vivre avec moins de deux dollars par jour. Quant au problème du logement, il ne cesse de s'aggraver. On estime qu'il faudrait construire sept millions de logements pour satisfaire les besoins. Face à cette pénurie, bien des gens en sont réduits à construire des logements précaires, y compris dans des zones réputées dangereuses.

Une fois encore, ce sont les populations les plus démunies qui font les frais de ces rapports économiques, fondés sur l'exploitation et la corruption.

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